Journal d'une boulimique.

Willamette Stone - Heart like yours

Il est parti hier matin et nous lui avons dit au revoir mercredi.
C’est marrant comme j’aimerai tant en parler alors qu’il n’y a rien à en dire. Rien d’exceptionnel.

Je suis partie ici en espérant oublier Chris. Passer outre, ne plus avoir de ressentiments pour lui. Etre en paix avec lui, mais surtout, avec moi-même. Je ne sais pas si j’y suis arrivée. J’ai toujours un noeud dans le ventre lorsque je m’imagine le revoir. Comme une boule de peur qui se forme juste en-dessous de ma poitrine. Peur de ce que je pourrai ressentir, mais surtout peur de ce qu’il pourrait me faire. Je ne parle pas ici de violences physiques, je parle de violences verbales. J’ai peur de ce qu’il pourrait me lancer à la figure. J’ai peur de croiser encore ses yeux qui m’ont tant aimé et qui, maintenant, me haïssent tant.

Mais ce que je sais, c’est que j’ai réussi à ressentir quelque chose pour quelqu’un d’autre que pour lui.
C’est tout d’abord arrivé par un constat : ce gars là pourrait m’apporter beaucoup plus que ce que Chris ne m’apportera jamais. Une sorte de révélation que, même si Chris ne m’avait pas trompé, j’aurai fini par m’ennuyer avec lui. Il était difficile du parler du monde sans sortir des banalités et de la résignation. Je me suis rendue compte de cela lorsque nous avons été nous promener au Pheonix Park. Sa façon de parler des sujets les plus banals aux sujets les plus sérieux. Je me suis surprise à penser que c’était un mec avec une telle conversation que je voulais.

Le second déclic a été après le voyage à Cork. Il était un vrai connard quand nous sommes sortis ensembles, mais je lui ai pardonné dès le lendemain matin, car il était très gentil avec moi. Ca en était presque bizarre. Nous avions convenu que nous n’en reparlions jamais (c’est évidemment moi qui ai rompu cet accord par la suite), mais son attitude était redevenue celle du gars que je considérais : l’attitude du mec bien qu’il était.
Dans le train, lors du trajet du retour, tout se bousculait dans ma tête et je me suis rendue compte que je n’étais plus amoureuse de Chris et ce, depuis longtemps. Je n’en étais plus amoureuse, mais je continuais à être blessée. Je ne voulais pas revivre une telle douleur tout de suite. J’avais besoin de temps pour me reconstruire. C’est pourquoi je me suis éloignée de ce gars, à Dublin.

Ca n’est pas mon genre d’agir comme ça. Je suis plutôt celle qui fonce tête baissée et qui a tendance à se prendre des murs. Ici, je l’ai évité par moments. Je me suis jetée dans les bras d’un autre pour ne pas mettre en péril notre groupe d’amis et surtout moi-même. Pourtant, je n’ai jamais vraiment arrêté d’y penser. J’ai pourtant cru voir à plusieurs moments que je lui plaisais, je n’ai cependant pas voulu exploiter ces brèches. Nous avons passés ces dernières semaines à s’envoyer des signaux contraires, l’un comme l’autre. Même si lui, en lisant ça, ne pourrait ranger sa fierté et dirait : "J’ai juste été sympa avec toi." Je sais ce que je vois.
Bref, à la place d’avoir tenté quoi que ce soit, je me suis éloignée. Et quand il est parti, je lui ai souhaité bonne chance avec son ex.
Je m’éloigne et en plus je le pousse dans les bras d’une autre. Je ne sais pas si c’est une meilleure tactique, mais en tout cas, je suis sûre que ça me préserva plus que de m’évertuer à lui prouver qu’il m’aime bien. Comme j’ai tant fait avec Chris.

Je n’ai plus la force de faire ça. Je n’ai plus la force d’ouvrir les yeux des gens, de leur faire se rendre compte qu’il leur manque des éléments. Je me sens toujours épuisée sentimentalement parlant. Je ne suis toujours pas prête à me relancer dans quelque chose d’un tout petit peu sérieux. La menace d’abandon et de trahison serait trop grande et je ne me sens pas capable de pouvoir m’en remettre à nouveau.

Je rentre bientôt chez moi. Je me réjouis et je suis triste. Beaucoup de sentiments entremêlés.
J’ai de nouveau pas mal de projets même si, pour une fois, je n’ai encore rien de très concret. J’ai envie de me laisser un peu vivre. Parce que, après tout, c’est ça la vie : se laisser vivre afin de se sentir un maximum vivant.