Journal d'une boulimique.

La vie est belle.

Il est tard. Je suis fatiguée. Et peut-être un peu saoule. Cependant, j’ai envie que cet écrit soit beau. J’ai envie que puisse transparaître au milieu des mots le bonheur que je ressens. Je veux pouvoir relire ceci dans quelques mois, voire quelques années, tout en ressentant le bien-être que j’éprouve actuellement.

J’ai réussi ma première année de master à 78 crédits. J’ai entrepris une nouvelle thérapie pour vaincre ma boulimie. J’ai un nouveau copain qui me mérite. Je ne m’épuise pas dans un boulot que je déteste pendant mes vacances. Je suis bien entourée, amicalement et au niveau familial. Je vais m’émanciper et quitter le nid familial.

Ma vie est belle. Je l’aime.

Je vais, tant bien que mal, essayer d’expliquer point par point.

J’ai réussi ma première année de master à 78 crédits.

J’ai repris en septembre, après mon bac d’assistante sociale, un master en sociologie. L’année de passerelle n’existant plus, je devais passer 78 crédits cette année au lieu de 60. Quelques personnes me disaient que ça ne pouvait pas être possible, que j’allais devoir reporter des cours à l’année prochaine ou du moins, avoir une seconde session.
Je me suis encore montrée que, malgré la pression, j’ai réussi à montrer à tout le monde que je pouvais réussir en première session, tout en faisant une distinction. Tout en ayant une vie sociale active. Tout en entreprenant une nouvelle thérapie (éreintante) sur moi-même. Tout en devant gérer une nouvelle relation amoureuse. Tout en travaillant comme étudiante à côté.
J’ai réussi. Cette année est une une réussite. Ca n’a pas tous les jours été facile, mais je n’ai pas baissé les bras et je me suis battue. Et j’ai réussi.
Je pars confiante pour l’année prochaine.

J’ai entrepris une nouvelle thérapie pour vaincre ma boulimie.

La boulimie. Mon fléau. Mon démon. Mon corps.
Je me bats contre elle depuis l’âge de mes 15 ans. J’en ai aujourd’hui 24 et le problème n’est pas encore réglé. Cependant, cette année, j’ai décidé d’arrêter de croire que tout allait disparaître lorsque j’aurai perdu du poids, lorsque j’aurai un copain, lorsque j’allais réussir, lorsque je serais partie de chez moi,... Ou encore d’autres nombreuses raisons.
Je me suis rendue compte que j’allais devoir prendre la maladie à bras le corps et me battre contre elle un peu tous les jours. J’ai donc entrepris une nouvelle thérapie en plus des visites à ma psychiatre.
Cela a été dur, cela l’est toujours par moment. Mais j’accumule de plus en plus de petites victoires qui permettent de me reconstruire. Et ces victoires, je ne les dois qu’à moi-même. Parfois, j’ai envie d’abandonner. Je me rappelle le chemin parcouru, je m’accorde une pause dans ma bataille et que je reprend la guerre contre mes démons.
J’ai parfois envie de le crier au monde entier, de dire : "Je me bat les gars et je n’abandonnerai pas. Et ce que je fais, c’est juste pour moi."
Je réapprend à manger. J’apprends à m’aimer.

J’ai un nouveau copain qui me mérite.

Je suis avec Patrick depuis presque quatre mois. Notre relation est donc récente. Et je suis en train de tomber amoureuse. D’habitude, je n’ose pas dire ce genre de chose parce que j’ai peur que cela me porte la poisse. Mais ce sont les faits : je tombe amoureuse de lui. Même si j’ai peur d’être blessée, je sais que je n’en sortirai pas anéantie. Parce que c’est un homme bien. Parce que j’ai de la chance d’être avec lui. Parce que pour une fois, je suis avec quelqu’un qui se soucie autant pour moi que je me soucie pour lui.
Nous sommes très différents dans notre façon de gérer la vie. Patrick, c’est la force tranquille. Moi, je suis l’hypersensible, l’écorchée vive qui peut parfois recevoir les évènements de la vie en pleine face.
Un jour, je me suis effondrée devant lui. Je lui ai dit que j’étais effrayée, que je ressentais trop de choses et que c’était difficile pour moi de gérer tous ces sentiments. Il m’a écouté. Et il m’a dit : "Je ne comprend pas comment tu arrives à vivre avec une telle pression sur tes épaules". En le regardant, j’ai tout de suite su qu’il ne me jugeait pas, mais qu’il m’admirait.
Il comprenait que je devais me battre jour après jour avec mes sentiments souvent trop fort pour ma petite personne. Il comprenait que je ne lui demandait pas de venir me secourir. Il comprenait que j’étais forte, que je n’avais pas besoin de lui. Il comprenait que si je lui en parlais c’est que je lui faisait confiance et que j’avais juste besoin de vider mon sac. Il comprenait que je n’avais pas besoin d’un sauveur. Il comprenait et il me respectait.
En ce moment, il est parti rejoindre sa famille en Normandie pendant 10 jours. Il me manque. Mais ça n’est pas déchirant. Je ne me demande pas toutes les secondes ce qu’il fait. Je ne me tracasse pas si je n’ai pas de ses nouvelles pendant un jour ou deux. Je sais qu’il pense à moi. Je lui fais confiance. Il me manque, je me réjouis de le revoir. Mais j’espère surtout que quand je le reverrais, il me racontera qu’il a passé une semaine géniale à revoir sa famille et ses amis.
Parce qu’il me rend heureuse. Parce que j’ai envie qu’il le soit lui aussi. Parce que c’est ça un couple qui fonctionne : vouloir le bonheur de l’autre. Et il m’apporte une partie du mien.

Je ne m’épuise pas dans un boulot que je déteste pendant mes vacances.

Bon. Ce point n’a pas vraiment besoin d’explication. Après cinq ans à avoir bossé comme une folle dans un resto pour une patronne ingrate, j’ai trouvé un nouveau boulot d’étudiant bien payé, avec des horaires léger et au sein duquel on ne me met pas la pression.

Je suis bien entourée, amicalement et au niveau familial.

Je vais m’émanciper et quitter le nid familial.