Journal d'une boulimique.

"Ne doutez jamais qu'un petit groupe d'individus conscients et engagés puisse changer le monde. C'est d'ailleurs toujours comme cela que ça s'est passé."

Titre : Margaret Mead (anthropologue américaine, 1901-1978).

Je vais tenter de me "forcer" à venir ici pour taper sur mon clavier les pensées, émotions qui peuvent m’atteindre. Positivement ou négativement. J’en ai besoin. Je garde trop de choses en moi.
Topo de cette semaine : plus ou moins bonne. Ou non, soyons positives, elle était bonne. Au niveau boulimie, je suis dans de nets progrès : je n’ai pas vomis une seule fois cette semaine, mais si j’ai eu des crises. J’essaye de ne pas penser à demain, lorsque j’irai chez le diététicien et qu’il prendra mes mesures. J’aurai regrossi. Je me dis que c’est un mal pour un bien. Si je veux maigrir, me stabiliser et arriver à avoir une alimentation "normale", je dois passer par cette phase "ne plus vomir mes tripes dans les toilettes".
Au niveau des cours, j’ai réussi à bien m’y mettre dedans les premiers jours, mais j’ai relâché assez vite ma concentration tout au long de la semaine. Je me sens épuisée. Avec les pio, le sport, le régime, je tente d’arrêter de fumer, la formation, l’école… J’ai besoin d’une pause. Même si je sais qu’une pause ne m’est pas toujours bénéfique. De plus, je ne dors pas beaucoup, mais il est vrai je dors bien, c’est-à-dire sans rêves et lorsque je me réveille le matin j’ai tout de même l’impression d’avoir dormi.
J’ai parlé une seule fois à Sam et c’était mercredi.

Ce week-end, j’ai été au basket pour voir Géraldine (un peu Sam aussi même si je tente de me persuader du contraire). Lorsque j’ai vu Sam, il était beaucoup moins distant que la dernière fois et il est même sorti avec nous après l’entrainement vendredi. J’ai passé la soirée près de lui. On arrêtait pas de se chamailler gentillement. Géraldine a lâché une bourde : "De toute façon Sam, chaque fois que tu seras bourré, t’embrassera Callie". Il a rien dit, mais ne s’est pas renfermé sur lui-même non plus. J’ai pris ça a la légère. Bref, c’était une bonne soirée. Même si ça me faisait un peu bizarre (et mal) d’entendre Tom aller dire partout qu’il était vraiment bien avec Béran. On est venu m’emmerder aussi avec Sam en me disant qu’il me draguait encore, que ça n’était pas fini. J’ai juré de foutre mon poing dans la gueule du premier venu qui vient l’emmerder avec ça. Mais personne ne lui a rien dit.
Le lendemain, j’ai de nouveau été au basket. Ils ont mal joué. C’était vraiment un match de merde. Je suis restée boire un verre après. Je me suis retrouvée entre Jess et Sam qui réglait leur compte avec Jess qui me prenait à parti, ne sachant pas que j’étais sortie avec Sam il y a quelques semaines. J’osais rien dire. J’étais juste mal à l’aise. Le frère de Sam, Cédric, qui avait un verre dans le nez, a commencé à raconter comment leur père était mort. Tumeur au cerveau. Cancer du poumon qui se généralise. Et il a raconté comment ils ont regardé leur père mourir. J’étais mal à l’aise. Je n’avais pas envie d’entendre ça de la bouche de quelqu’un d’autre que de Sam. Ca ne me regardait pas. Je voyais la tête de Sam se décomposer au fil de la discussion. Moi, j’osais pas partir, de peur de paraître malpolie ou "je m’en foutiste". J’ai demandé à Sam de m’envoyer un message quand il serait rentrés. Il m’a promis de le faire. On a même parié. Il ne l’a pas fait. Je suis extrêmement déçue. J’ai l’impression d’être une gamine de 15 ans. "Il m’avait promis..." Mais les promesses pour moi, c’est important. C’est à ça que tu vois l’importance que tu accordes à la personne à laquelle tu fais une promesse. Lui, à l’évidence, ne m’accorde pas beaucoup d’importance et ne mérite donc pas que moi je lui en accorde.

Mercredi, je vais à Louvain. Il faut un peu que je quitte mes environs, que je vois de nouvelles têtes. Et pour la première fois depuis longtemps, ça me fait peur. J’ai peur de rencontrer un mec, d’être bourrée, de me sentir seule et de chercher de l’affection. De finir par mettre ma langue dans la bouche de n’importe qui et de me retrouver dans son lit. Ce que je ne veux plus. Je ne veux plus tenter de combler le vide immense qui est en moi avec n’importe qui. Je veux pouvoir pour une fois remplir ce vide moi-même. J’ai du mal, mais je suis sûre que je finirai bien par trouver en moi ce qui pourrait me combler.