Journal d'une boulimique.

Lana Del Rey - Young and Beautiful

"Il aime les conquêtes faciles. Il jette son dévolu sur une cheville fine, sur un décolleté que l’été rend scintillant. Un sourire, un regard un peu appuyé et la jeune proie monte dans sa décapotable. Il l’emmène diner, charge son regard de promesses. Enflammé dans l’instant, aimanté par un détail il confond le désir avec l’amour et très vite le charme de la rencontre se fane."
Grimbert, un secret

Rationnellement, je sais qu’il ne reviendra pas. Je sais que c’est fini. Je sais que rien ne sera jamais plus possible entre nous, car il a tout détruit.
Ce qui est dur, c’est que je sais, je suis intimement convaincue que si j’allais le rechercher, si je le forçais à ouvrir les yeux, il reviendrait. Parce que je le connais. Parce que je sais qu’il m’écoute. Parce qu’il sait que j’aurai raison.
Je l’ai déjà fait une fois, je sais que je pourrais le faire une deuxième. Et il le sait aussi. C’est pour ça qu’il coupe les ponts, c’est pour ça qu’il m’évite. Il sait très bien que je ne me contente jamais de ce qu’il dit. Il sait que je le force à réfléchir et à ouvrir les yeux. Et il n’aime pas ça parce que ça lui fait mal. Parce que cela fait ressortir des parties de lui et des souvenirs qu’il tente de refouler et d’oublier.

Quand il s’est remis avec Ju, nous nous étions mis d’accord pour ne plus nous voir pendant un moment. Je suis allée le voir à un match de basket le week-end suivant. Je suis arrivée en retard. Le match avait déjà commencé. J’étais tellement angoissée à l’idée de le revoir que je me collais au mur pour ne pas qu’il me voit. Je me suis assise dans le fond des gradins en espérant qu’il ne me voit pas avant la fin du match. Quand le match s’est terminé, nous sommes allés boire un verre dans la buvette. Il m’a fusillé du regard pendant environ cinq minutes. Il n’a pas pu ensuite résister à l’envie de venir me parler. Il m’a dit qu’il m’avait vue dès que j’étais rentrée dans le hall omnisport. Et nous sommes restés toute la soirée ensemble à parler et à rigoler. Nous sommes allés dans un autre café. J’ai revu un vieux copain. Chris l’a fusillé du regard tout le temps où le gars m’a parlé. Il ne pouvait pas s’empêcher de venir près de moi et de me prendre dans ses bras. Comme si rien ne s’était passé. A 6 heures du matin, je l’ai ramené à sa voiture. Il m’a embrassé et il est parti.
Nous nous sommes revus la semaine d’après. On s’est fait des pâtes et on a regardé un film. Il ne s’est rien passé. Quelques jours plus tard, je suis de nouveau allée chez lui. Et on s’est engueulé. Je lui disais que je ne comprenais pas pourquoi il s’était remis avec Ju, qu’il avait besoin d’être tout seul. Sans elle, sans moi, sans Aline. Sans plus personne. Qu’il devait se retrouver pour savoir ce qu’il voulait. Je lui ai dit que s’il ne me mentait pas, si tout ce qu’il m’avait dit était vrai, il ne pouvait passer à côté de moi comme ça. Il ne pouvait pas me dire qu’il ne ressentait plus rien.
Il était debout devant moi. Ses yeux me fusillaient du regard. Il voulait que je me taise. Et il m’a embrassé. On a fait l’amour. J’avais l’impression que mon coeur allait s’arracher de ma poitrine. Je savais que j’étais en train de faire une connerie, mais je ne pouvais pas m’arrêter. Je savais que je ne m’étais jamais sentie aussi heureuse, aussi à ma place que depuis que je l’avais rencontrée. J’avais besoin de ça. J’avais besoin de lui. Nous sommes restées enlacés l’un contre l’autre pendant un moment. Sans rien dire. Il s’est ensuite tourné vers moi et il m’a dit d’un ton glacial : "tu peux y aller maintenant que tu as eu ce que tu voulais".
Je l’ai regardé, médusée. Selon lui, tout était de ma faute. Je lui ai dit qu’il fallait être deux pour cela, et que s’il ne savait pas où il en était, cela n’était pas de ma faute. Il s’est calmé. Il était triste. Il m’a prise dans ses bras et puis je suis partie. Nous nous sommes téléphonés quelques jours plus tard et nous avons convenu, après une longue discussion, qu’il fallait que nous coupions les ponts pendant quelques temps.
Je ne lui en ai jamais vraiment voulu pour ça. J’ai toujours pris Chris comme il était : un gars paumé et instable. Je lui ai toujours dit que je l’acceptais lui tout en entier, parce que c’est comme ça que je l’aimais. Et c’est comme ça que je l’aime toujours. Je me souviens de cet homme si grand et fort qui venait se réfugier dans mes bras quand ça n’allait pas. Je me souviens de cet homme qui pouvait me téléphoner presque en pleurant et qui pouvait s’ouvrir à moi comme il ne s’ouvrait à personne. Même à ses meilleurs amis.
Quelques jours après ce coup de téléphone, il m’envoya juste un message : "tu me manques". Et c’est à partir de là que tout à repris. C’est là qu’il est revenu.

Cette fois-ci, c’est différent. Cela fait 5 mois et il n’est revenu vers mois seulement deux fois. Une fois avant que je sache qu’il m’avait trompé et il n’essayait pas de revenir. Ce qui peut se comprendre, vu qu’il n’arrive pas à me mentir. Il ne pouvait pas revenir sans me dire la vérité et ça en était trop pour lui. Et la deuxième fois, pour me donner son nouveau numéro. Je n’ai pas répondu à son message et le lendemain j’avais un SMS d’insultes. Je lui ai téléphoné et je lui ai fait très clairement comprendre qu’entre lui et moi il ne pourrait plus rien y avoir, même pas de l’amitié.
Et maintenant, je pleure comme une idiote parce qu’il me manque, parce que j’aimerai qu’il me prouve qu’il m’aime encore, alors qu’il est avec une autre. Parce que j’ai besoin qu’il me prouve que ce qu’on a vécu était bien réel.
Mais surtout, parce que j’ai peur de ne plus jamais être heureuse comme je l’ai été avec lui.

Pour la première fois de ma vie, je m’en fou d’être toute seule. Je ne recherche plus l’amour. Mon but n’est plus de trouver absolument quelqu’un qui pourrait m’aimer. Ce dont j’ai envie, c’est de pouvoir tout effacer. Etre à nouveau avec lui. Et comme ça n’est pas possible, je voudrais juste effacer tous les sentiments que j’ai pour lui. Je ne veux plus de cette amour qui me torture. Je n’en peux plus de pleurer à cause de lui. Je n’en peux plus de me dire que alors que je pleure, il se tape sa gamine et qu’il ne pense sûrement plus à moi alors que moi je n’arrive pas à me l’enlever de la tête.

Je me suis déjà imaginée me remettre avec lui. Je vois très bien comment cela se passerait. Je lui courrais après. Je lui dirais ses quatre vérité et je lui ferais ouvrir les yeux. Il m’engueulerait, il pleurerait. On s’embrasserait. On coucherait sûrement ensemble. Et puis ? Et puis quoi ? On se remet ensemble ? Et je devrais supporter son hypocrite de voisine ? Et je devrais à nouveau lui faire confiance ? Je devrais oublier le fait qu’il m’a menti pendant trois mois et qu’il pourrait sûrement le refaire ? Je devrais oublier le mal qu’il m’a fait ? Je devrais donc lui pardonner. Mais en serais-je capable ? Pourrait-je à nouveau le croire lorsqu’il me dira qu’il m’aime ? N’aurais-je pas à chaque fois peur qu’il s’enfuie dès que quelque chose le tracasse ?
C’est ça qui me tue. Cet ensemble de sentiments contradictoires. Je le déteste. Je le hais même. Et je ne peux m’empêcher de l’aimer, de vouloir qu’il soit là près de moi. Je suis bloquée avec cet ensemble de sentiments dont je ne sais que faire, parce qu’il ne me serve à rien du tout, à part me faire du mal. Et je ne sais plus comment m’en débarrasser, car rien de ce que je tente ne fonctionne.

Je suis en train de devenir folle. Parfois, quand je conduis, j’ai une folle envie d’appuyer sur l’accélérateur et de me laisser foncer dans le mur. De ne pas tourner au prochain tournant pour foncer droit dans l’arbre devant moi. Juste pour pouvoir dormir un peu. Je suis fatiguée de toutes ses émotions, de cette putain de douleur qui ne me quitte jamais.
Tout ça s’est empiré depuis que j’ai revu Chris. Ca n’était peut-être pas une si bonne idée que ça après tout. Je revomis beaucoup trop. J’ai repris du poids à force de manger n’importe quoi. J’ai des crises d’angoisses qui réapparaissent alors que je n’en avais plus eu depuis presque deux ans. Bien avant de l’avoir rencontré. Et aujourd’hui, je me suis coupée à la cuisse avec un rasoir. La douleur dans ma poitrine était trop grande et les douleurs physiques sont moins difficiles à gérer que les douleurs psychologiques. Je n’avais pas mangé de la journée. Enfin, un repas que j’ai vomis. Je me coupée puis je suis allée sous la douche. Avec l’eau chaude sur la coupure, j’ai fait une chute de tension. Je me suis sentie partir. Pendant un moment, j’ai hésité à me laisser aller. A me laisser tomber là dans ma douche, inconsciente. Mon instinct de survie est cependant plus grand.

Je déteste être comme ça. Je m’étais battue contre tout ça. Je suis en train de régresser. J’essaye de me battre plus que tout contre ça. Mais je suis fatiguée. Je suis à bout. Que quelqu’un me donne le remède. Qu’on me donne la solution pour me vider de tous ses sentiments. Qu’on m’explique comment faire pour l’oublier. Que quelqu’un m’aide par pitié.