Journal d'une boulimique.

"Dis, quand reviendras-tu ?"

Chris,

Aujourd’hui, ça fait environ 9 mois que nous ne sommes plus ensemble et je viens seulement de m’en rendre compte.
A partir d’aujourd’hui, je pars pour l’Irlande dans 17 jours. Ca me fait bizarre de savoir que je ne pourrai pas te dire au revoir.
J’ai pensé à t’écrire une lettre que je t’enverrai le jour de mon départ, afin d’être sûre que tu la reçoives lorsque je ne serais plus là. Cette lettre serait un acte égoïste. Je l’écrirai dans le but qu’elle te déstabilise. C’est tellement facile à faire. Surtout à la fin de l’été. C’est fou comme les saisons ont une influence sur tout ton être, tant psychique que physique.
Je voudrai que cette lettre te fasse mettre en doute ta relation avec Sophie.
C’est dégueulasse. Je sais. De toute façon, tu finiras par foutre en l’air cette histoire, tout comme tu as détruites les autres. Il est cependant vrai que je n’ai pas à t’aider pour le faire.
Si je n’ai pas de réponses à cette lettre, je me dirai que Sophie est la femme de ta vie et que tu es heureux. Même si je suis persuadée du contraire.
Si j’ai une réponse… Je n’y répondrai sûrement pas. A quoi bon ? Je sais qu’entre toi et moi, tout type de relation est vain.

Et pourtant…

Et pourtant, je t’aime encore. Je te cherche dans les hommes que je rencontre. Je reporte mon amour pour toi sur eux, mais je suis quelqu’un de réaliste et de lucide. Je finis donc par vite comprendre, que c’est toi que j’aime à travers eux. Aucune relation saine ne peut être construite sur cette base.
Alors j’attend. J’attend d’arrêter de t’aimer. Ca prend plus de temps que prévu. Mais bon, ça ne fait pas mal. C’est juste là, tout au fond de moi. Je m’y suis presque habituée. J’ai même parfois l’impression que ça ne partira jamais et qu’une part de moi t’aimera toujours.
C’est triste, non ?
C’est triste d’aimer quelqu’un qui vous a tant fait de mal et qui, à présent, vous déteste.

En ce qui me concerne, c’est toujours à toi que j’ai envie de me confier les jours de pluie. C’est toujours contre toi que je m’imagine m’endormir lorsque j’ai besoin de réconfort.
Et tu n’es pas là. Tu ne seras probablement plus jamais là, auprès de moi.
Ca ne me donne plus envie de hurler. La douleur s’est apaisée. Je pense donc que je peux vivre avec cela.
Tout ce que j’espère, c’est qu’un jour, tu t’effaceras quelque peu afin de laisser la place à un autre homme que toi. Et à un homme qui me mérite.

Parfois, je me sens débile de penser toujours de toi comme ça. Débile, parce que toi, de ton côté, tu fais tout pour m’effacer. Comme si je n’avais pas exister. C’est triste de se dire que nous en sommes arrivés là, à faire comme si nous étions de parfait étranger.

J’organise une soirée le 19 septembre pour mon départ. Je ne le dirai à personne et je ne te ferais pas passer de message, mais j’aimerai que tu y sois. Je sais que, même si tu apprends l’existence de cette fête, tu ne viendras pas. Cependant, je ne pourrais m’empêcher d’espérer.

Tu me manques.
Encore.

Callie.

P.S. : C’est la première fois que je t’écris depuis le 10 avril. C’est-à-dire depuis que nous nous sommes vus pour discuter. Environ 5 mois. A part à ce festival, nous ne nous sommes plus adressés depuis.
Pourquoi est-ce que, toi comme moi, nous avons tellement de mal à tourner la page de cette histoire ?
J’aimerai comprendre.