Chainsmokers - Let you go
Je suis à la bibliothèque et je dois travailler sur mon mémoire. Idéalement, je devrais l’avoir terminé le 28 juillet. Dans huit jours en somme. Je n’ai écris que 30 pages. Je ne sais pas comment écrire les trente suivantes. Je me demande si je ne rendrai pas mon mémoire dans deux ans. Je passe mes derniers examens cette session-ci. Je rend tout de même mon mémoire - que je raterai sûrement - et puis je pars faire le tour d’Amérique latine.
Pour l’Amérique latine, mon billet est déjà réservé. J’ai pris un aller-simple pour Buenos Aires le 31 octobre. Quoi qu’il arrive. Même si je rate mon mémoire. Même si je ne finis pas mes études. Je pars. Pour une durée indéterminée. Loin de tout. Loin des pressions. Loin de ces cadres.
Je n’arrête pas de penser à la phrase d’une chanson de Saez : "Je suis un homme mort coincé entre quatre murs." C’est ce que je ressens pour le moment. Chaque matin, je me réveille avec une boule dans la poitrine et l’envie de pleurer. Chaque soir, je m’endors en espérant ne pas me réveiller le matin. Je suis épuisée. Je voudrais me réveiller quelques jours avant mon départ pour pouvoir tout préparer.
Quand je dis à mes amis que j’ai peur de ne pas y arriver, ils pensent tous au mémoire, à mes études. Ils me disent tous que ça va aller. Mais je ne parle pas de ça. J’ai peur de ne pas arriver jusqu’au voyage. J’ai peur de ne pas tenir le coup et d’exploser bien avant. Trois mois, c’est très court. Mais trois mois c’est également très long quand on ressent autant de sentiments négatifs. Et puis en plus, quand Pat me manque, ça n’aide pas non plus. Enfin, il n’est pas la raison de mon mal-être actuel. Je ne sais pas trop ce qui en est la raison.
Peut-être le fait de ne pas savoir ce que je veux. Je suis pleine de paradoxe en ce moment. J’aime Pat, il me manque, je lui en veux de m’avoir quitté mais j’ai besoin de partir faire ce voyage sans lui. J’ai besoin d’apprendre à me connaître mieux. Il y a des personnes autour de moi qui ont une passion ou un métier qui leur permet de tenir. Quand Pat est sorti de ma vie, je me suis rendue compte que je n’avais rien qui me retenait ici dans ma vie. Rien qui me poussait à me lever le matin.
Pour être honnête, je commençais déjà à m’en rendre compte avant notre rupture. Mes crises de boulimie revenaient en force et je n’arrivais pas à déterminer pourquoi. Notre relation se passait bien, j’étais amoureuse de lui. Ca n’était juste pas suffisant. J’avais besoin de plus. J’avais besoin d’un moteur qui ne dépende pas de quelqu’un. C’est ce qu’il se passe ici. Je n’ai pas de moteur. Hormis ce voyage, je n’ai pas de moteur qui me pousse le matin. Je passerai bien mes journées à dormir. Le seul projet qui me permet de tenir est de me dire que je vais partir avec mon sac à dos le 31 octobre, toute seule, explorer le monde pour une durée indéterminée.