Journal d'une boulimique.

FAUVE - Infirmière

En fait, depuis l’anniversaire de Chris, depuis le jour où je sais pour Aline, je n’ai plus de nouvelles de lui. Et ce week-end, j’ai eu envie de le voir. Naïvement. Juste pour avoir de ses nouvelles.
Mais surtout, parce que mon père a recommencé à boire. Beaucoup. C’est avec lui que je voulais en parler.

Je lui ai donc téléphoné samedi, dans la matinée. Au départ, il était d’accord. Quelques heures plus tard, il m’envoie un SMS : "Quel est le but de ta démarche ?"
On se téléphone à nouveau. Il me dit qu’il n’est pas prêt, qu’il n’est pas encore passé au-dessus de notre histoire, que c’est trop tôt. Je lui rappelle que c’est lui qui a tout fait pour que notre relation se termine. Je ne comprend donc pas pourquoi il a autant de mal.
La discussion s’emballe : il a encore mal, je me pose beaucoup trop de questions et je ne comprend pas. Ca l’énerve.
Je lui parle de mon père, mais il est distant.
On calme le jeu et on discute pendant un quart d’heure de nos vies respectives. Quand il me dit qu’il a un nouveau chat, ça me fait mal : avant, j’aurais été la première personne qu’il aurait prévenu. Mais ça, c’était avant.

Et je sors de cette conversation en pleurs.

Comment ose-t-il me dire qu’il n’est pas bien et qu’il a besoin de temps ? C’est moi qui souffre. C’est moi qu’il a blessé. C’est lui qui a fait le con. C’est lui qui a tout foutu en l’air.
Il paraîtrait qu’il commence à s’en mordre les doigts, qu’il commence à se rendre compte qu’il a fait une connerie.
Mais au final, qu’est-ce que ça change ? Il ne reviendra jamais. Parce que revenir, ça signifie se mettre à genoux, voire à plat-ventre devant moi. Et il ne le fera pas.

Alors j’ai envie d’aller jusque chez lui pour le secouer, lui donner des coups dans le ventre et lui hurler à quel point j’ai mal, à quel point il me manque et à quel point je suis toujours amoureuse de lui.

Il m’a dit plusieurs fois : "je ne suis pas comme toi, j’ai besoin de plus de temps pour tourner la page". J’ai envie de lui dire que ça n’est pas vrai, que le soir je pleure encore au fond de mon lit en espérant comme une débile qu’il revienne et que ça n’est pas parce que je lui dis que tout va bien, que je passe à autre chose que c’est vrai.

Mais il m’a trompé. Alors s’il veut revenir, il devra se battre, même s’il pense qu’il n’y a plus aucun espoir. Ce qu’il ne fera pas.
J’ai vu sa voisine. C’est elle qui m’a dit qu’il commençait à s’en mordre les doigts. Elle m’a dit aussi qu’il ne reviendrait jamais, car il veut rester tout seul pendant longtemps, il veut régler ses problèmes.

Et en ce moment, moi, j’ai juste envie d’aller le supplier qu’il revienne, qu’on recommence, qu’on réessaye.
Mais il m’a trompé. Je n’aurai plus confiance. Puis, en discutant avec lui au téléphone, j’ai bien vu qu’il n’est pas prêt à se remettre réellement en question.
Et surtout, ça n’est pas à moi d’aller le chercher. Il faut que je m’ancre ça dans le crâne. Définitivement. Je dois arrêter de retourner vers lui. Je devrais le détester.

FAUVE - Infirmière

J’ai besoin de toi comme d’une infirmière quand je me demande ce que je fous ici et que je colle ma tête pendant des heures sur l’oreiller tétanisé, assommé, incapable de rien.

J’en ai marre de faire semblant. J’en ai marre de faire comme si tout me glissait dessus. J’en peux plus d’entendre les sirènes même à travers le double vitrage.

Ça m’est retombé dessus d’un coup, je me suis senti seul, triste et fatigué. J’y arrive pas sans toi, j’arrive plus à encaisser.

Comment est-ce que ça va se finir ?

Comment est-ce que je vais faire ?