Journal d'une boulimique.

"I hurt myself today to see if I still feel"

Dans le train pour rentrer chez moi, mon casque sur les oreilles avec la musique à fond, en regardant par la fenêtre, j’avais l’impression que tout me disait "échec".

Echec.

Ma vie est un échec. Je ne sais toujours pas gérer ma bouffe. Je pense que je n’y arriverais jamais. Que je n’arriverais jamais à maigrir à nouveau et à garder ce fucking poids. J’y arrive pas. C’est trop dur. Je lâche prise.

Je viens de rentrer chez moi et on peut dire que j’ai juste gagné une mini bataille : j’ai réussi à éviter la cuisine. Ma première pensée était que personne n’était chez moi, je pouvais donc me faire une crise tranquillement, en me faisant vomir tranquillement. L’idée ne me quitte pas, mais j’ai su me dire non ! Je ne sais pas si cette idée tiendra longtemps, mais c’est mieux que rien. Enfin je pense.

Echec tourne toujours dans ma tête en formant un cercle vicieux.

Hier, j’ai parlé à Morgane, que je considère comme une de mes meilleures amies. Et elle ne m’a pas compris. Elle a essayé, je le voyais, mais ne comprenais pas ce que je pouvais ressentir. Pourquoi est-ce que j’étais incapable de me bouger, d’arriver à me sentir bien toute seule. Je ne saurais pas lui expliquer. Mais depuis cette discussion je me suis vraiment rendue compte que personne ne me comprend. Mon Benja ne me comprend pas. Mes autres amis les plus proches ne me comprennent pas. Ils ne peuvent pas comprendre pourquoi je n’arrive pas à m’interdire à sortir, à me bourrer la gueule et à me taper n’importe qui n’importe quand.

Je ne saurais pas leur expliquer. Je ne vois personne ne comprendre ça. Tout est trop compliqué. Et même moi je n’y arrive pas.

Dans mes cours, il y a un gars qui est alcoolique. Enfin, il a fait une cure pendant les vacances pour son alcoolémie. Et je me dis que peut-être lui, il pourrait comprendre. Parce qu’il sait ce qu’est une dépendance. Et puis non, c’est stupide. C’est pas le même style de dépendance. Moi c’est la bouffe. Il ne pourrait pas comprendre. Personne ne peut comprendre. Et ça, ça fait très mal.

Je pense ne m’être jamais sentie aussi seule.

Johnny Cash - Hurt.