Journal d'une boulimique.

"Notre amour à tous les deux, il n'y a que moi qui le garde."

J’ai besoin de vivre, de vivre devant moi.

Ceux qui m’aiment me suivent : je sais, toi, tu restes là.

J’ai besoin d’aimer, je ne sais rien faire d’autre.

J’ai besoin d’aimer et c’est pas ta faute.

La Rue Ketanou - Ma faute à toi.

Est-ce que je vais bien ? Je ne sais pas. Je ne mange plus. Je mange beaucoup et je vomis. Je suis fatiguée. Je dors mal. Mais je ne me sens pas pour autant malheureuse. Sauf en ce moment précis. J’ai besoin… J’ai besoin de je ne sais pas quoi. D’une présence. D’être moins seule. Je devrais aller revoir ma psy. Pas le courage de sonner. Pas le courage de demander. Pas le courage de l’envoyer. J’ai dit à Gilles que je me soignerais, que je ferais attention à moi quand lui ira voir un médecin. Il vomit du sang chaque fois qu’il boit de l’alcool. Chaque fois qu’il mange un peu trop. Ou même juste un peu. Il m’a dit qu’il n’irait jamais voir un médecin. Je ne me soignerais pas alors. C’est stupide. Mais moi je ne me tracasse pas pour moi, mais pour lui. Je peux vivre encore un bon bout de temps sans me soigner. Je l’ai déjà fait. Il faut juste que personne ne m’oblige à y aller et je n’irais pas. J’ai de nouveau de mauvaises pensées. Des pensées noires, désespérantes. Quand je conduis, j’espère parfois sortir de la route, rentrer dans un poteau et que ça me soit fatal. Je me sens lasse. Je ne vois pas où je vais. J’ai regardé une émission stupide hier à la TV. La fille disait qu’elle avait voulu se suicider à Noël. On lui a demandé ce qu’il fallait dire à quelqu’un qui veut se tuer. Elle a répondu qu’il fallait juste lui dire que ça ne valait pas le coup. "Ca ne vaut pas le coup." Ca m’a fait penser à Yoann. Si quelqu’un lui avait dit ça, serait-il encore là ? J’ai pleuré toute seule, comme une conne devant ma TV. Je suis trop émotive. A fleur de peau. Je déteste cette expression. C’était Jérémie qui me l’avait attribuée. Je la trouvais jolie. Joliment stupide.

Je veux aimer. Mais personne n’en vaut la peine. Ou j’ai trop peur. Je me fous de tout. Plus rien ne semble avoir d’importance. Je ne me taille plus les veines. Un pacte débile avec Gilles. Alors je vomis. Putain de merde. Je sais pas ce qui est mieux.

On se suicide sans donner ses raisons, et peut-être sans raison, et on a le droit de n’en pas donner : pourquoi un homme n’aurait-il pas le droit de renoncer sans explications à une vie qu’il n’a pas demandée ?

Henry de Montherlant, « La mort de Caton », 1969

Je viens d’aller parler avec Matthieu. Sa présence me fait toujours du bien, mais je sais bien que l’on ne pourra plus retrouver une relation autre qu’amicale. Parce que l’on s’est fait trop mal. Que l’on connait trop les défauts de l’autre, les réactions. Il m’a sauvé une fois. Il ne saurait pas le faire une deuxième. Ca serait trop facile. Puis je ne peux pas lui demander. Il ne saurait plus le faire. Il ne trouverait plus les mots justes, les gestes. Je saurais trop parer sa défense. Pour une fois, il faudrait que je me sauve toute seule. Et je m’en sens tellement incapable. Je voudrais me montrer comme quelqu’un d’indépendante, de forte, mais au fond, j’attend juste que quelqu’un vienne me repêcher, vienne me tirer de mon cercle vicieux, de mon enfer.

Je te donne ma vie si tu me donnes l’envie.

Absinthe - L’envie.

"Voir I am X en concert, c’est génial. Voir I am X en concert en compagnie de son amoureuse, c’est beaucoup, beaucoup mieux!" Bruno vient de mettre ça sur Facebook. J’étais à deux doigts de mettre "j’aime" pour IAMX, mais à la fin, j’étais à deux doigts de la crise cardiaque. Pas que je suis touchée par le fait qu’il ait une copine. Mais c’est quoi mon problème ? Suis-je invivable ? Pourquoi est-ce que rien ne fonctionne avec moi ? Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Je ne suis pas une fille attachante. Enfin si, attachante comme une copine, une amie, mais jamais plus. Il y a un truc que je ne dois pas avoir. Un truc qui me manque. Même Benjamin le Crétin a plus de chance de se caser avec quelqu’un et d’être heureux que moi ! Je ne suis pas quelqu’un d’inoubliable. Après tout, tout le monde s’en fiche.

Qu’importe que reviennent ces pensées qui m’aliènent. Je saignerai mes veines pour soigner mes peines.

Najoua Belyzel - Comme toi