Journal d'une boulimique.

"Si l'on a peur d'aimer, c'est parce que l'on sait que rien ne pourra nous relever."

People say you can’t live without love…

... I think oxygen is more important.

Je suis morte de peur. Terrifiée. C’est comme si quelque chose me bouffait de l’intérieur. Dans le ventre et la poitrine. Ça fait mal.

Bruno est génial. Je me sens bien quand je suis avec lui. Hier, il est venu me faire à manger, on a été voir le match et puis on est rentré au kot. Il est reparti vers deux heurs. On a pas mal parlé. Il m’a parlé des filles qui défilaient dans sa vie avant son ex. Et moi je me demande si je vais faire partie du défilé.

Tous mes amis me le disent : ils ne m’ont jamais vu aussi bien depuis que c’est fini avec Matthieu. Je souris tout le temps, je ris pour un oui ou pour un non, je ne me prend pas la tête. J’ai plutôt seulement l’air de ne pas me prendre la tête. Mais c’est vrai, je me sens bien. Je me demande juste où ça va aller tout ça. Qu’est-ce qu’un type de 26 ans peut trouver à une gamine de 18 ? Avec Matthieu, la différence d’âge ne se ressentait pas. Avec Bruno, c’est différent. Je vois qu’il est beaucoup plus vieux que moi dans sa façon de parler, de se comporter et je sais que c’est réciproque. Alors je me demande pourquoi est-ce qu’on tente ça ? Je ne veux pas me caser pour le plaisir de me caser. Je préfère rester seule à ce moment là et de pouvoir m’amuser. Mais lui, il me plaît. Et bordel, j’ai peur. J’ai envie de tout envoyer balader. De retourner dans ma relation de merde avec Benja. Je me dis que je ne mérite pas quelqu’un comme Bruno. Qu’il est trop bien pour moi. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à mettre mon cerveau sur pause ? Ca fait à peine une semaine qu’on est ensemble et c’est l’horreur. Je ne veux pas m’attacher. Je ne veux pas que l’on commence quelque chose même si, pour ça, c’est déjà trop tard. Je me dis qu’il vaut mieux arrêter tout cela maintenant avant le massacre. Je ne suis pas prête. Si ça se finit déjà maintenant, je sais que je serais triste. Seulement après une semaine. Alors qu’est-ce que ça sera si ça dure ? Je ne pourrais plus me battre. Je ne pourrais plus me relever. Je n’y arriverais plus. Je n’aurais plus le courage. Je retournerais dans les bras de Benja directement en me disant que c’est mieux comme ça. Et que puisque je souffre, autant souffrir à fond. Ca sera moi. En mode autodestruction. Comme d’habitude. Putain. Mais qu’est-ce qui cloche chez moi ? Pourquoi je n’arrive pas à me laisser vivre ? Pourquoi est-ce que je n’arrive pas juste à prendre les choses comme elles viennent ? On a pas couché ensemble hier. Pas de préservatifs. C’est peut-être mieux comme ça. Ne pas aller trop vite. Mais qu’est-ce qu’on en avait envie. Il m’a murmuré à l’oreille : "Je sens que je vais adorer faire l’amour avec toi." Faire l’amour. Expression qui m’était devenue inconnue. Que je n’avais plus utilisé depuis… Depuis que Matthieu m’a quitté. Je ne fais pas l’amour, je baise. Vulgaire, mais correct. Si, Benja me disait de temps en temps "Tu n’as pas envie qu’on fasse l’amour." Je lui répondais toujours un truc du style "Toi et moi on ne fait que baiser et ça ne sera jamais que ça." Classe. Comme toujours. Faire l’amour… Ca me fait peur. Ca implique des sentiments. Je ne veux plus de sentiments. Un peu d’attachement. Pas de sentiments. Les sentiments ça te bouffe, ça te tue à petit feu. Les sentiments deviennent des mensonges, poussent les gens à mentir. Les sentiments, c’est de la destruction. Je vois que Bruno a de l’expérience. J’ai envie de coucher avec lui. Oui, je n’arriverais pas à dire "faire l’amour". Pas moyen. Pas de sentiments. D’ailleurs, quand on parle de ça, je ne peux pas m’empêcher d’employer "baiser". Parce que je ne connais plus que ça. Et que de toute façon, quand je "faisais l’amour" avec Matthieu, c’était les 3/4 du temps chiant. Avec Benja, c’était plus brutal, mais j’avais tellement bon. Avec Bruno, je ne sais pas. Je ne sais pas si on arrivera à un moment à cet étape. Si je ne ferais pas tout foirer avant. Parce que j’ai tellement peur que j’en suis bien capable. Pour le regretter après. Mais rien ni personne ne pourra m’en empêcher. Têtue comme une mule. Très conne le plus souvent.

Je vais rater mon année. C’est un fait. J’ai rien foutu. Je me suis focalisée sur les mecs toute l’année. Sur les fêtes, sur l’alcool aussi. Sur tout ce qui peut me détruire en fait. Comme d’habitude. J’ai fait une crise d’angoisse cette après-midi. Je vais me faire tuer par mes parents. De toute façon, au point où j’en suis. Je ne sais plus ce que je veux. Je ne sais pas ce que je veux devenir. Je ne sais pas ce que je fais de ma vie. J’ai peur de regarder vers l’avenir parce que je ne vois rien. Je n’arrive pas à m’y voir. Je ne veux pas m’y voir parce que je m’y vois seule, toujours boulimique, toujours avec un tas de problèmes, toujours complètement névrosée. Je me vois perdue. Encore. Encore et toujours. Je me cherche et je ne me trouve pas. D’un côté, se chercher dans l’alcool, ça n’aide jamais. Pas d’autres solutions pour le moment. Il faut "juste" que je me bouge le cul. Bordel…