Journal d'une boulimique.

"No Woman, No Cry..."

Cet écrit va être difficile. Ca fait un moment que j’hésite à l’écrire. Que je commence, que je tape quelques mots ou plusieurs phrases que je finis par effacer en me persuadant que, de toute façon, ça n’est pas important, que tout le monde s’en fou et que c’est juste parler pour la millième fois de la même chose.

Ce soir, j’ai décidé de me lancer. De reconnaître que j’ai complètement perdu le contrôle de moi-même. Le plus dur, ça n’est pas de le dire, c’est de l’admettre à soi-même.

Ma vie ne ressemble plus à rien. Je ne me reconnais plus.

Je ne veux pas écrire cet article parce que il ne va ressembler qu’à de l’apitoiement sur moi-même. Et c’est d’ailleurs le cas : je m’apitoie sur moi-même. Je ne veux pas en parler parce que je sais ce que l’on va me dire : "prends-toi en main, bouge-toi le cul, arrête de t’apitoyer sur ton sors, c’est stupide et immature."

A cela, je n’ai rien à répondre.

Par où commencer ? Je ne sais pas. Je n’arrive plus à savoir à quel moment j’ai dérapé. Je me revoie l’année passée. En rhéto. Commençant déjà à bosser pour mes examens qui ne se dérouleront que seulement dans un mois. Et je me vois cette année, à une semaine des examens et n’en ayant rien à foutre. Ne foutant rien.

Peut-être parce que je n’ai plus de but précis. L’année passée, je voulais absolument quitter l’école. Me barrer loin, rencontrer d’autres gens, ouvrir mes horizons. Cette année, j’ai juste peur de l’avenir. Peur de ce que je vais devenir, peur de ce que je suis et peur des autres même parfois.

Je me sens seule et je tente de combler ce vide par n’importe quels moyens. Tous aussi mauvais les uns que les autres.

Je vomis encore. De plus en plus. Une mauvaise passe. J’attends le moment où je serais à bout. Complètement. Je n’y suis pas encore. J’ai encore d’autres échappatoires. Comme l’alcool ou le sexe. J’attends le moment où plus rien ne pourra me sauver, où je serais complètement seule. J’attends peut-être quelqu’un qui viendra me chercher et me dira "c’est fini, je suis là." Comme dans une mauvaise comédie romantique américaine.

J’attends la fin. Je subis et je me détruit. C’est tout ce que je préfère. C’est tout ce que j’ai toujours su faire de mieux.

Je me sens médiocre. Nulle. Stupide. Sans aucuns intérêts.

J’attends la fin.

Vendredi, bourrée, j’ai envoyée un mail à Matthieu pour lui dire que j’avais besoin de lui. Il ne m’a pas répondu. J’ai voulu lui parler cette après-midi. Il ne m’a pas répondu.

"C’est pas ma faute..."