Journal d'une boulimique.

"Non, je ne peux pas arrêter d'espérer maintenant. Parce que je ne veux pas qu'il réalise que je suis celle qu'il lui faut juste au moment où j'aurai cessé de l'attendre."

Soirée de merde. Matthieu me tire la gueule. Jérémie a foutu le bordel entre nous. Comme d’hab. Mais là c’était sublime. "Dis, Callie, parlons de Matthieu, ça a l’air d’être un sujet sensible." ou encore "Bon, Matthieu, Callie. Je vais faire le conseiller conjugal. Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que tu fais de mal Callie ?"

Matthieu ne veut plus me parler parce que j’ai relancer une conversation houleuse hier (euh… tu veux dire Jérémie, non ?). Pourtant, c’est bizarre, mais après il me parlait encore et venait me gratter mes clopes. Tiens, dès que je suis sortie avec un gars devant lui et que j’avais l’air bien, il ne m’a plus adressé la parole. Sois heureuse, sois heureuse, mais pas devant moi, c’est ça ? Connard. Crétin. Ca me bouffe. Ca me bouffe. J’ai envie de lui hurler dessus. De le frapper. De lui dire qu’il n’est pas clair dans sa tête. Que rien n’a jamais été clair. J’ai envie de lui dire qu’il me revienne parce que je n’en peux plus. Je fais n’importe quoi sans lui. J’y arrive pas. J’essaye, j’essaye, mais il n’y a que lui dans ma tête. Je veux qu’il en sorte. Ou je veux qu’il soit là. Par pitié…

Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J’ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un oeuf. Il faut croire que je n’étais pas indispensable. J’aurais voulu être indispensable. A quelque chose ou à quelqu’un. A propos, je t’aimais. Je te le dis à présent parce que ça n’a plus d’importance.

Tu sais, il y a quelque chose que je dois te dire. Je suis tombée amoureuse de toi. Mais tu sais j’en voulais pas moi de cet amour dans mon cœur parce que, celui là, je savais qu’il me ferait du mal. Non, moi j’ai jamais voulu que mon cœur batte à 100 à l’heure quand tu es avec moi. Seulement, voilà, j’ai pas réussi à arrêter à temps. Maintenant, je suis foutue, j’arrive plus à vivre sans toi. Je sais pas, je sais plus. J’ai sans arrêt besoin d’être avec toi, de savoir que tu vas bien, de savoir ce que tu fais. Tu sais à quel point sa fais mal d’aimer sans le vouloir ? J’en peux plus moi, je veux plus vivre comme ça. Je crèverais pour toi alors que j’en ai pas envie ! C’est comme si on avait pris le contrôle de mon cœur, je n’ai plus les commandes et en plus de ça je suis complètement dingue de toi. Et le pire, c’est que si là maintenant tu t’en vas sans rien dire, je vais m’effondrer par terre et si tu reste et que tu dis que tu m’aimes toi aussi alors c’est moi qui vais partir. Seulement, je veux plus jamais que tu disparaisse de ma vie parce que sans ta belle gueule je suis rien, tu comprend ça ? Sans toi je crève et je sais même pas comment expliquer ça.

Tu peux partir aussi loin que tu le voudras et si un jour nos chemins devaient se recroiser, je voudrais que tu me regardes avec des regrets, que nos souvenirs reprennent tes pensées, que tu te dises au fond de toi que tu ne pourras jamais m’oublier comme ça.

Mais la prochaine fois que l’on va se voir, je veux que tu me regardes dans les yeux et que tu me jures que tu ne m’as jamais Aimé.

J’arrive à un moment où plus rien ne me semble possible. Où je suis au bout de tout. Qu’il n’y a plus rien après. Ce sentiment que ma vie est finie ici, que les choses qui viendront après ne valent pas la peine d’être vécue. Et c’est horrible.

Horrible parce que j’espère que c’est faux. Et parce que je me sens impuissante fasse à tout ça. Mon père a pris les clefs du kot et de la voiture. Il dit que je suis une fille ingrate et égoïste qui ne pense jamais qu’à elle. C’est peut-être vrai. Pour le moment je ne pense plus rien. Je me fous de mes études. Pourtant j’aime bien, mais je n’ai pas la tête à ça. Je n’y arrive pas.

Je suis complètement paumée. La suite me semble sans aucune issue.