Journal d'une boulimique.

"Des siècles en enfer..."

Je sors avec Renaud depuis mercredi et j’en ai déjà marre. C’est très mal parti. Il est gentil, mignon, mais ça ne colle pas. Il me gonfle pour être franche. Je reçois un message le matin pour voir si j’ai bien dormi. A midi pour voir si je vais bien. Le soir pour voir si ma journée c’est bien passée. Avec Matthieu, j’adorais ça. Avec lui, ça m’énerve.

Je pense de plus en plus à Jean-Do. Il m’envoie de plus en plus de message qui sont de plus en plus sérieux. Cette semaine, il n’allait pas vraiment bien. Son colloc' a largué sa copine, il est triste et donc ça n’est pas trop l’ambiance dans son appart. Au boulot, c’est pas le top. Il n’a pas vraiment de travail défini. Il se sent seul. Il est à court de fric. Et moi je tente de lui remonter le moral. Mais je n’ai que 18 ans. Je ne sais pas toujours quoi dire, me disant qu’il trouvera ça stupide. Je ne comprend pas pourquoi il prend conseil auprès de moi. Il a plein d’amis. Moi, je ne suis que moi : une petite gamine de 18 ans, complètement perdue, qui ne fait que sortir et qui fait semblant de ne se soucier de rien. Je l’ai invité à souper chez moi la semaine prochaine. Il doit me confirmer pour le jour.

Je commence un régime lundi. Un truc de fou. Pour perdre 10 kilos. Je vais devoir arrêter de boire et je me dis que ça n’est pas plus mal, comme ça je m’écarte un temps de l’ambiance et des gens du carré. Ca me fera du bien.

Je commence à réaliser ce que j’ai fait à Aurore. Je me demande comment je n’ai pas pu me foutre des baffes avant. Benja est venu me dire qu’elle disait aux gens que je ne suis qu’une garce. Après tout, elle n’a pas totalement tort. J’ai fait la conne et la pute sur ce coup là. Pas que sur ce coup là, mais surtout. J’ai détruit une amitié pour un crétin. Quelle conne. Quelle conne. Et Benja qui m’emmerde. Chaque fois que je le vois, ça m’énerve. Pauvre type. Jeudi, je discutais avec un pote, il est venu près de moi et m’a demandé si c’était mon nouveau copain avec un ton sarcastique. Je lui ai dit que ça n’était pas lui, mais un autre. Il a fait une drôle de tête. Et oui connard, je ne suis pas qu’à toi.

J’ai été conduire la voiture de Matthieu avec lui aujourd’hui. Je ne suis pas encore totalement prête à être amie avec lui. Rien que le fait qu’il me dise qu’il aille à l’anniversaire surprise de Joy, ça m’a fait un pincement au coeur. Même si maintenant j’ai réglé ça avec elle et que s’il sorte ensemble, je ne leur en voudrais pas. Mais ça me fait tout de même mal. Je ne suis pas encore passée à autre chose. Ca m’énerve. Je voudrais l’oublier. Je voudrais arrêter d’être aussi accro à lui. Tantôt, j’ai eu un sale réflexe et je l’ai pris dans mes bras. C’était pour rire. Je l’ai regreté dans la seconde qui suivait. Tout un flot de souvenir qui revienne à la surface. Rien que d’être dans sa voiture c’est l’horreur. On se rappelle tous les deux les moments qu’on y passait quand on était ensemble : les fois où on se chamaillait à cause de la musique, la fois où j’ai cramé son siège arrière, quand il club au volant.

Parfois, tous ces souvenirs me semblent irréels. Je me dis que je n’ai pas pu être aussi bien à ce point là. A d’autre moment, c’est le fait qu’on ne soit plus ensemble qui me semble irréel. Notre rupture me fait penser à un cauchemard duquel je ne me suis pas encore réveillée. J’essaye d’éviter d’y penser.