Journal d'une boulimique.

"Te supplier de me revenir et tout faire, oh tout, pour te voir partir."

Je passe mon permis le 1er février. C’est mon père qui me pousse à le passer. Je suis presque sûr de le rater.

J’ai mes résultats ce jour là aussi. Croisons les doigts pour philo. C’est un cours que je n’ai ABSOLUMENT pas envie de repasser.

J’ai croisé Jean-Do hier. Il m’a offert un verre. Il était saoul. Il a réussi à se faire détester de ma pote. Mais il était gentil avec moi. Il m’a même présenté à son colloc'. Et son colloc' ne m’a pas snobé. Un miracle.

J’ai tenté de rentre jaloux Benja avec Matthieu. Je pense que ça a marché. Entre lui et moi (Benja, pas Matthieu), c’est vraiment un sale jeux : chacun veut être le centre d’attention de l’autre sans pour autant en avoir quelque chose à foutre. Au début, je me mettais au bar pendant qu’il servait et je lui tournais le dos. Mes potes m’ont dit qu’il n’arrêtait pas de me regarder. Je pense qu’il m’a demandé genre 100 fois si j’allais bien et piqué 1000 clopes. Oui Benja, j’ai vu que tu existais. J’ai eu le malheur de lui dire de venir boire un verre avec nous après son service, et là, il s’est directement sentis indispensable. "Eh chouchou, ne te tracasse pas je suis là. Alors tu ne peux pas te passer de moi ? Pourtant paraît que dimanche c’était chiant comme soirée. Oh mais je rigole beauté ! Fais moi un bisous. On se voit ce soir ?" Crétin, crétin, crétin. Il faut que je change de tactique. Il était défoncé, n’arrêtait pas de me dire que j’étais complètement bourré chaque fois qu’il passait à côté de moi. Arrête de me parler si c’est pour ne rien dire !

Cette semaine, il faut que je travaille. Je reprend un cours avec l’auto-école mardi. Une semaine pile poile avant l’examen. Prions le seigneur. Si je pouvais l’avoir ça serait le bonheur. Je prend la voiture quand je veux et je me barre. A la mer par exemple. Toute seule. Je rêve toujours d’aller en Normandie, à Arromanches. De me mettre au dessus de la falaise où on avait été avec l’école. Un matin vers 7h. Au début du printemps. Et rester là à ne rien faire. Juste respirer l’air. Juste vider ma tête. Juste être bien.

Ou alors j’y vais avec Beni. Avec lui ça serait le pied. On ne s’emmerderais pas. Juste deux personnes paumées qui veulent prendre l’air.

Hier, j’ai bu un verre avec Matthieu. C’était un peu bizarre, mais bien. C’est toujours "mon" Matthieu. Et ça c’est chiant.

Je n’en reviens pas comme notre rupture m’a cassé. Complètement. Je veux dire, maintenant ça fait 4 mois que c’est finis et pourtant, ça n’est toujours pas passé. Je l’ai toujours en travers de la gorge cette maudite rupture à la con. Tout ça sur un coup de tête bordel. Maintenant, je ne sors qu’avec des cons. Vous pouvez le dire, je ne fais rien non plus pour sortir avec des gens biens. Les gens biens je les fuis. Je les fuis comme la peste. Mes potes veulent me caser parce qu’elles le sont. Mais moi, je ne saurais pas. Je sais très bien comment ça va tourner. Au début, je n’en aurais rien à foutre, puis je vais m’attacher, puis me faire larguer et c’est repartis pour un tour de piste ! En plus, soyons réalistes, je n’ai que 18 ans. Ca n’est pas maintenant que je vais trouver l’homme de ma vie. Alors, pourquoi se mettre en couple ? Pour aimer ? Pour être aimer ? Des conneries. L’amour, c’est beau dans les films. Dans la réalité, ça te bousille. Moi je veux qu’on s’attache à moi, qu’on prenne soin de moi, mais je ne veux pas m’engager. Recevoir, pas donner. J’ai déjà donné et à chaque fois je me suis prise une claque. Benja et Jean-Do, ils font juste semblant de donner. Peut-être. Sûrement. Mais j’aime garder l’illusion. Après tout, moi aussi. On est juste des cons qui se font avoir consciemment par l’autre.

J’en aurais peut-être marre un jour. Sûrement même. Mais là, je n’en peux plus. Je ne suis pas prête à me relancer dans quelque chose qui me semble déjà perdu d’avance. Matthieu, je pensais sérieusement que ça aurait pu durer. Je pense que lui aussi. Mais c’est l’âge, c’est les conditions qui n’étaient pas réunies. C’était un tout qui à fait que, un putain de soir, il m’a quitté sur un coup de tête. Je ne réalise toujours pas que c’est finis. Je m’illusionne. Encore. Je fais semblant. Je n’y pense plus. Je m’accroche à des relations sans lendemain pour oublier. Pour oublier qu’il n’est plus dans ma vie, qu’il drague une de mes potes, qu’il ne m’aime plus. Il me manque encore à en crever. Je pleure encore en écrivant cela. Alors que je dis que tout va bien. Que je lui dis que je n’ai plus de sentiments pour lui. Je les cache. Je fais semblant. Je donne l’illusion. J’ai toujours été très doué pour ça, donner l’illusion. Super simple. Tu colles un sourire sur ta face et tu encaisses. Facile. Un vrai jeux d’enfants.