Journal d'une boulimique.

Il parait que les mauvais moments font les beaux souvenirs : j'aimerai tant que cela fut exact.

J’ai toujours le "bouquet" de fleurs que Jérémie m’avait cueilli en septembre, juste avant qu’on sorte pour la première fois ensemble. Les fleurs ont séché et se trouvent dans une boite en carton. J’ai toujours le sachet dans lequel il m’avait rendu ma veste. Je le vois toujours lorsque je me tourne vers ma table de chevet. Je le revois quand il était venu dormir à la maison et qu’il s’était écroulé dans mon lit. Je m’étais allongée à côté de lui et je l’avais embrassé. Je le revois me sourire et me prendre dans ses bras. Encore et encore. Je nous revois tous deux cherchant la grande ours sur le trampoline pendant cette soirée en septembre chaque fois que je passe devant. C’est à dire tous les matins et tous les soirs. Quand je le revois, je ré-entend toutes nos discussions, nos prises de tête et nos fou-rires. Quand je passe devant chez lui, je repense à Save Tonight qu’il m’avait joué à la guitare, à sa mère, à nos discussions sur la musique, à sa chambre qui ressemble plus à un foure-tout. J’ai un pote à qui j’ai du mal à parler maintenant. Même joue, même bouche. Il me le rappelle trop. Quand je revois Jérémie, je m’éfface. Je fais comme s’il n’y avait jamais rien eu. Comme s’il n’avait jamais compté et qu’il ne compterait jamais pour moi. Il me manque toujours. J’y pense moins. Un petit peu, même si je rêve de lui presque chaque nuit et que je me réveille en ayant l’impression quelques secondes que mon rêve était réalité, déprimant juste après me rendant compte que tout ne venait que de mon imagination. Je voudrais lui manquer. Je voudrais lui manquer bordel ! Je devrais brûler le reste des fleurs avec le sachet. Changer mon lit de place et toute la déco de ma chambre, mais alors ça ferait comme s’il n’était jamais passé quelques instants dans ma vie.