Journal d'une boulimique.

Yves Jamait - Jean-Louis

Bon non. Je ne vais pas étudier maintenant. J’ai pas la tête à ça. J’en veux de plus en plus Matthieu. D’accord. Pourquoi maintenant ? La bloque. Ca me retourne le cerveau. Ca me laisse toute seule avec mes pensées. Mauvais. Très mauvais. Mais je voudrais dire à Matthieu des choses que je ne lui ai jamais dites. Comme le fait que je le déteste. Ou plutôt que j’aimerai le détester.

Matth,

Ne me demande pas pourquoi je t’écris ça maintenant, j’ai cherché une réponse, en vain. Mais j’ai besoin de te dire tout cela.
Je voulais que tu saches que je t’en veux. Je t’ai toujours dit que ça n’était pas grave, que je ne t’en voulais pas, que je comprenais. Sur le moment, j’y croyais, sûrement, mais je me mentais. J’ai parfois envie de te faire mal, de te faire souffrir comme tu m’as fait souffrir. J’ai toujours dit que Joy était la seule à qui j’en voulais, mais c’est faux. Ca n’est pas à elle que j’aurai du en vouloir le plus. Ca aurait du être à toi, car c’est toi qui m’a fait mal.

Je t’en veux de m’avoir quitté sur un coup de tête. Je m’étais toujours dit qu’un jour, je comprendrais, mais presque deux ans après, je ne comprend toujours pas. Je sais juste qu’en l’espace de quelques minutes tu as tout détruit pour des raisons qui n’en valaient pas la peine, selon moi.
Je t’en veux de m’avoir laissé m’accrocher à toi, de faire de toi ma raison de vivre. Si bien que, quand t’es parti, j’ai du tenter de tout reconstruire toute seule.

Je t’en veux de m’avoir gardé près de toi alors que tu m’avais quitté. Je t’en veux d’être revenu de nombreuses fois alors que nous n’étions plus ensemble et de m’avoir fait espérer que cela puisse recommencer. Je t’en veux de ne pas m’avoir laissé en paix, de ne pas m’avoir laissé seule pour que je puisse faire le deuil de notre relation.
Je t’en veux pour cette nuit où tu m’as détruite rien qu’avec tes mots, en me disant que c’était de ma faute si on ne se remettrait plus jamais ensemble. Je t’en veux de m’avoir testé un nombre incalculable de fois pour voir si je t’aimais vraiment, alors que ça en crevait les yeux que j’aurais tout fait pour toi.

Je t’en veux d’être sortie avec une de mes copines. Je vous en veux de m’avoir menti. Mais je t’en veux encore plus de m’avoir dit lorsque tu étais saoul que tu aurais été mieux avec moi qu’avec elle, mais que c’était trop tard et que tout était de ma faute.
Je t’en veux de m’avoir remis notre rupture sur le dos alors que j’aurai tout fait pour que l’on puisse se remettre ensemble. Je t’en veux d’avoir essayé que l’on reste amis alors que, si tu voulais vraiment que j’aille mieux, tu m’aurais foutu la paix, tu m’aurais laissé partir.
Je t’en veux d’avoir été jaloux alors que tu n’avais pas le droit de l’être, de ne pas m’avoir laissé vivre ma vie alors que tu ne voulais plus vraiment faire partie de la mienne.

J’ai toujours cette horrible sensation que je n’arriverai plus à être heureuse avec quelqu’un depuis toi. T’étais mon premier amour. J’aurai donné ma vie pour toi. Et je crois que tu ne t’en es jamais vraiment rendu compte. Je ne suis plus amoureuse de toi. Je ne veux plus me remettre avec toi. Mais je ressens toujours tout le mal que tu m’as fait.
La dernière fois qu’on est ressorti ensemble, j’ai ressenti à nouveau le bonheur que tu m’avais apporté lorsque l’on était ensemble. Ca m’a fait chier. Je ne voulais pas ressentir ça. Pas avec toi. Parce que toi et moi c’est fini et qu’il n’y aura plus jamais de nous, je n’en ai pas envie.
Et pourtant, je n’arrive pas à avancer. Si quelqu’un me plaît, je vais repenser à tout le mal que tu m’as fait, je vais m’enfermer derrière des barrières et tout faire foirer pour être sûr qu’il ne puisse pas me faire souffrir comme toi tu l’as fait. Alors pour ça je t’en veux.
Je t’en veux d’avoir détruit le peu de confiance en moi que j’avais.

En écrivant tout cela, j’ai peur de te faire sentir mal. C’est ça le problème. J’ai toujours tellement eu peur de te faire mal, alors que toi tu n’as pas hésité une seconde. Je ne dis pas que c’était intentionnel, mais tu l’as fait. Tu ne m’as jamais dit un seul mot d’excuse.
Mon but, ça n’est pas que tu t’excuses aujourd’hui, ni de croire que je te déteste, ça n’est pas le cas, mais que tu prennes conscience de tout le mal que tu m’as fait, de tout ce que j’ai perdu avec toi. Histoire que tu ne fasses ça à personne d’autres.
Joy a été plus intelligente que moi à ne plus vouloir te parler. Je ne pense pas qu’elle te déteste vraiment, mais elle se protège. Quand tu aimes quelqu’un, tu ne sauras pas rester ami avec lui alors qu’il vient de te briser le coeur. Tu dois arrêter de vouloir être ami avec les filles que tu quittes, parce que tu vas finir par les briser.

Il faut voir les choses en face, même aujourd’hui on n’est pas vraiment ami ! On ne se déteste pas, mais on n’est pas capable de boire un verre ensemble sans sortir ou coucher ensemble. J’appelle pas vraiment ça de l’amitié. Et puis même quand on se parle des gens qu’on a rencontré, je ne trouve pas ça naturel. Ca fait bizarre. Malsain même. Il y a toujours une sorte de lien entre nous. On s’entend bien, mais on ne saurait pas être véritablement amis. Pas maintenant du moins.

Quand je te regarde, je ne vois pas un ami, je vois l’homme que j’ai aimé. Je vois mon ex. L’homme qui m’a brisé et qui m’a fait endurer une souffrance telle que j’ai l’impression que je ne serai pas capable de survivre à une autre rupture.
Tu mentirais si tu me disais le contraire à mon égard. On n’a pas envie de sortir ni de coucher avec ses amies.
J’ai l’impression qu’une part de moi t’aimera toujours un peu. Jusqu’à présent, les plus beaux moments de ma vie se sont passé avec toi. Et pour ça merci.

Callie.