Journal d'une boulimique.

FAUVE - De ceux

J’veux juste qu’il soit là. J’en peux plus d’avoir mal. J’en peux plus de retourner l’histoire dans tous les sens et d’en arriver sans cesse à la conclusion qu’il n’y aura personne d’autre que lui.
Je sais que ça n’est pas vrai. Je sais qu’on est six milliards sur terre et qu’il y a bien une personne autre que lui qui me correspond. Mais je veux pas la rencontrer. Parce que c’est lui et rien que lui.
Dans six mois, quand je serais passée à autre chose, je me relirai en rigolant. Mais là, je ne rigole pas. Je fais genre que je gère, mais je n’arrête pas de penser à lui, à me dire qu’on s’est rencontré trop tôt, qu’on s’est rencontré trop jeune. Qu’on était pas fait pour un truc si fort maintenant.
Et d’un autre côté je me dis que notre histoire, ça n’était que du mensonge. Que, en fait, il m’a baratiné comme toutes les autres. Que tout cela ne voulait rien dire et que j’ai vécu tout toute seule.

Alors ce soir, je vais chez lui. Je vais lui dire tout ce que j’ai sur le coeur, parce que je sais qu’il n’y a que lui qui comprend. Et surtout qu’il n’y a que lui qui a les réponses. Je vais sûrement le supplier un peu (beaucoup) pour qu’on ré-essaye. Je vais m’énerver. Je vais pleurer. Je vais gueuler. Je vais peut-être même me mettre à genoux. Et je repartirai de là cassée, sans avoir eu ce que je voulais. Mes questions n’auront sûrement pas eu de réponses. Il me dira clairement qu’il ne veut pas revenir. Mon coeur sera écrabouillé, éclaté, détruit. Mais après, ça sera fini. Après, je n’aurais plus qu’à me faire une raison : il ne reviendra pas. Je le sais, je le sens, mais j’ai besoin de l’entendre de sa bouche. Je n’aurai plus qu’à attendre que la douleur passe. Compter les heures et les jours en faisant semblant de sourire et de rire alors qu’au fond de mon ventre j’aurai un trou immense.