Journal d'une boulimique.

Débile profonde.

Je suis morte de trouille.
Morte de trouille parce que je ne sais pas à quoi va ressembler mon avenir. Je n’arrive pas à me décider. Rien n’est clair. Et tant que je n’arrive pas à mettre cela au clair, je n’arrive pas à m’investir dans mes études. Alors je regarde une série stupide toute la journée pour m’éviter de penser à quoi que ce soit. Je me gave l’esprit de conneries afin qu’il ne puisse plus penser. Le seul problème vient de quand je vais dormir. Alors j’essaye de faire un maximum de sport pour m’épuiser et pour que je m’endorme comme une souche. Et le lendemain, le problème n’est toujours pas régler.

Je suis perdue. Complètement perdue. J’avais des projets avant. Je devais partir au Québec pour trois mois et demi et j’avais un petit ami. En l’espace d’une semaine j’ai tout foutu en l’air : j’ai annulé mon voyage et j’ai largué mon copain. Maintenant, plus rien ne me semble avoir de l’importance.
Tout le monde m’énerve :
- les gens en couple
- les gens heureux
- ma mère et ses trois cents mille questions
- les connards de mon amphi qui n’ont pas été en cours une seule fois et qui se tracasse la veille de l’examen de la matière à étudier
- ceux qui se tracassent pour leur examen
- ceux qui font la fête
- mes soeurs
- mon père
- mes amis
- et toutes les putains de personnes qui n’arrêtent pas de me demander mille fois comment je vais.

Je ne sais pas comment je vais. Je ne sais pas si j’ai envie de rire ou de pleurer. Je ne sais pas ce que je veux pour mon avenir. Je ne sais même pas ce que je veux maintenant. Je ne sais plus qui je suis. Je ne sais plus rien du tout.
J’ai envie de Chris, mais en même temps non, je suis mieux sans lui.
J’ai envie de réussir mes examens, mais je n’en vois pas l’utilité.
J’ai envie de partir, mais je ne m’en sens pas capable.
J’ai envie d’envoyer tout le monde se faire foutre, mais je ne suis pas encore assez énervée.
Je ne sais même pas si j’ai envie ou pas de faire mon stage.

Alors je fais semblant. Je m’extasie, je rigole pour des trucs auxquels je rigolais avant alors qu’au fond, je n’en ai strictement rien à foutre. Parfois je pleure et je sonne à mes copines en leur disant que j’aimerai que Chris revienne, alors que s’il revenait, ma vie ne serait pas plus heureuse et ça ne me dirait de toute façon pas de ce dont j’ai envie. Et j’arrive près des gens, je leur dis que j’ai de superbes projets qui m’emballe super fort, alors que je me force, parce que j’en ai marre de n’être plus motivée par rien du tout.

Bref, c’est super ! Si je savais au moins un seul truc. Un tout petit truc minuscule qui me donnerait envie d’avancer.

Le seul truc dont j’ai envie, c’est d’en parler avec Chris. Pas qu’il se repasse quelque chose entre nous, juste lui parler de ce que je ressens. Sauf que le Chris avec qui j’ai envie de parler, je ne l’ai plus vu depuis le mois de septembre. Je l’ai aperçu une courte semaine au mois de novembre. Et puis c’est tout. C’est de cette personne là dont j’ai envie. Le seul truc, c’est que je ne sais pas si elle a vraiment existé ou si elle était une invention du Chris de maintenant, c’est-à-dire de celui qui est froid et distant avec moi.
Je veux que l’ancien Chris revienne. C’est lui dont j’ai besoin.