Journal d'une boulimique.

Aimez-vous les uns les autres bordel de merde.

Je suis à la bibliothèque de l’Université depuis ce matin. C’est là que j’y ai appris la nouvelle : explosion à l’aéroport de Zaventem. Je ne comprends pas tout de suite. Explosion de quoi ? Une fuite de gaz ? Je lis des articles comme quoi l’aéroport est évacué, qu’il y a des blessés, que plus aucun avion ne peut atterrir ou décoller. Je lis tout ça avec une curiosité morbide et un certain détachement. Puis je tombe sur un article qui parle d’une explosion dans une station de métro dans le quartier européen à Bruxelles.

C’est là que j’ai commencé à comprendre : la capitale de mon pays se fait attaquer. Par qui ? Perso, je m’en fous. En tout cas, ce que je voudrais d’abord savoir c’est : est-ce que mes proches vont bien. J’ai d’abord envoyé un message à ma meilleure amie en espérant qu’elle n’avait pas un rendez-vous dans ce quartier-là aujourd’hui. Ce n’était pas le cas. Ma soeur était déjà à son école et ma marraine ne se trouvait pas dans ce quartier-là. Mes deux autres cousins ne se trouvaient pas à Bruxelles aujourd’hui. Au niveau de la famille, on était bon.

Plus je réfléchissais aux gens que je connaissais sur Bruxelles, plus le stress montait. Plus j’envoyais de SMS, plus l’attente devenait insupportable. La dernière personne dont je n’avais pas de nouvelles fût Brahim. Je sais qu’on ne s’est plus jamais parlé après l’Irlande, mais rien que de le savoir en vie quelque part est quelque chose qui m’est rassurant. Heureusement, il a fini par me répondre comme quoi il allait bien et qu’il était en sécurité.

J’ai également envoyé un message à Simon. A bat l’amour propre. Je m’en fous d’en avoir aujourd’hui.

Aujourd’hui, contrairement à ce que certains pense, ça n’est pas un jour qui doit céder la place centrale à la haine, mais plutôt à l’amour. C’est le jour où il faut dire à ses proches qu’on les aime et dire aux gens qu’on tient à eux. Je l’ai dit à Brahim, même s’il s’en fout, j’avais besoin de lui dire. Il a été une étape importante dans ma vie et je garde un bon souvenir de lui.
Ca ne sert à rien de se déverser en insulte contre des gens qu’on ne connaît pas et qui, apparemment, ne sont déjà de toute façon plus là.

Aujourd’hui, je suis enfermée dans la bibliothèque de l’Université avec plein de jeunes qui ont l’air d’en avoir rien à foutre. J’ai envie de leur gueuler de sortir d’ici et d’aller voir leur famille, leurs copains, leur amoureux/se et de leur dire qu’il les aime putain. Mais surtout, surtout, de ne pas tomber dans la dérive de la haine et des amalgames. Ca ne ramènera personne et ça ne fera pas avancer les choses.

Si ces putains de gouvernements se rendaient enfin compte du bordel qu’ils foutent dans des pays pour des histoires économiques. Si on essayait de comprendre comment est-ce que des gens puissent en arriver à commettre de tels actes à la place de répondre par des bombes. Si on parlait un peu plus d’amour à la place de la haine.

J’ai envie de pleurer. Je suis dégoûtée. Et j’ai peur. Pas peur de vivre, mais peur de la réaction des gens et du gouvernement dans les jours à venir.

Aimez-vous, s’il vous plaît.