Journal d'une boulimique.

Comment t'expliquer sans te faire mal que les rares fois où je pense à toi je ressens rien de spécial ?

Il faut que je reprenne ma vie en main. C’est-à-dire moins de bouffe, moins d’alcool, moins de vomissements, moins de mecs, moins de baise. Plus de cours, plus d’étude et plus de bon sens.

J’ai viré Beni de ma vie. Pour une fois sans qu’on ne me demande rien. Sans qu’on me dise que je devais le faire. Je l’ai fait de mon propre gré. C’est clair que je ne le vis pas spécialement très bien, mais c’est mieux comme ça.

J’ai trop mangé. J’ai envie de vomir et je ne peux pas parce que toute ma maison l’entendrait. Donc je chie. Je ne dormirai pas. Comme à chaque fois que j’ai ça.

J’me suis rendue compte que dès que je vomis, j’me sens mieux. Tout le stress accumulé disparaît. Ma rage, ma haine, mon mal-être, tout part avec la bouffe accumulé et rejeté dans la cuvette des WC.

Je dois aller revoir ma psy. J’me taillade plus les veines depuis un bon moment. C’est déjà un bon progrès. Mais j’ai toujours mal. Mal tout le temps. J’ai les boules d’être enceinte. J’ose pas faire le test. Je me dis que je ne m’en sortirai jamais totalement. Que j’aurais toujours des passes à vide, mais qu’il faut que j’arrive à les gérer. Et je ne sais pas comment faire ça. Pourtant, il va bien falloir, aussi non je vais finir par me jeter d’un pont à un moment donné. Je ne peux pas vivre dans une telle souffrance éternellement. Une souffrance psychologique tellement forte qu’elle en devient physique.