Journal d'une boulimique.

"Non, ne dis pas, toi, que vivre fatigue, qu'on ne fait que passer. Doit y avoir autre chose..."

La vie, c’est de la merde. J’ai recommencé à vomir. Je me sens seule. Perdue. Sortir avec des cons en soirée ne m’apporte plus rien. Juste de la frustration. Je me déteste. Je me sens conne. 11 mois et 1 jour que Yoann a sauté. Bientôt 6 mois que Matthieu m’a quitté. Bientôt un an que l’on s’est mis ensemble. Bientôt un mois qu’il est avec sa pute.

Au bout du compte, on finit seul. Quoi qu’il arrive. On est toujours seul. Même au milieu d’une centaine de personnes. Personne ne peut venir nous enlever les idées morbides, les peines, la tristesse, le sentiment de vide, d’horreur qui traine par mégarde dans nos têtes.

J’étais au bar avec Sarah et Jérôme. Mais j’étais seule. Je rigolais. Je souriais. J’écoutais leurs conversations quand il fallait, je parlais quand ils attendaient à ce que j’ajoute quelque chose. Mais j’étais seule. Je pensais à la bouffe que j’allais m’engloutir et puis vomir quand je rentrerais. Je pensais à ce vide qui se fait grandissant en moi. Je pensais à cette envie de prendre le cutter et de taillader mon bras encore une fois. Je pensais à Jean-Do qui s’est remis avec une de ses ex. Je pensais à Matthieu qui étais avec Joy. Je pensais à Yoann qui n’est plus là. Je pensais aux soirées que je vais faire mardi et mercredi, où je vais boire à n’en plus finir, sûrement sortir avec des inconnus et peut-être baiser. Au vide que je ressentirais lors de la soirée et que j’essayerais de combler avec des mecs. Au vide que je ressentirais le lendemain lorsque je me réveillerais seule ou avec un gars dont je ne me souviens même pas du prénom.

Je pensais à une solution. Mais je ne peux rien y faire. J’ai besoin d’aide, mais personne ne pourrait m’aider. Matthieu me demande chaque fois que je le vois si je vais bien. Il me rappelle que si ça ne va pas, je peux lui en parler et qu’il sera là pour moi. Pour qu’il m’entende lui dire qu’il me manque à en crever et que je n’arrive toujours pas à combler le vide qu’il a laissé. Que le seul qu’y aurait peut-être capable de le faire n’est pas accessible. Que je me sens mourir à petit feu. Matthieu ne saurait rien y faire. Tout se passe dans ma tête et personne ne peut y rentrer pour tenter d’y enlever ce qu’y cloche.

Je suis fatiguée. Usée. Mon seul but est de maigrir. J’ai perdu 5,8 kg. Encore 6. Il n’y a que ça qui me fasse tenir. Plus de rêves. Je fais des insomnies. Plus de sommeil. Tout mène à une impasse. Quoi que je fasse, rien ne pourra s’arranger. Parce que rien n’a de sens. On fait des études pour avoir un boulot pour avoir du fric pour pouvoir vivre décemment. Avoir un mari/femme et des enfants. Pour faire comme tout le monde. Je ne dénigre pas ça. Mais, si ma vie est déjà toute tracée, à quoi sert de vivre ? A quoi ça sert de continuer ? Puisque je suis seule. Puisque je suis seule dans ma tête qui ne veut pas fonctionner correctement. Puisque je n’arrive pas à être heureuse. Je me tue psychologiquement. Je n’arrive pas à m’arrêter. Je me fais crever. Avec mes idées à la con. Avec mes besoins stupides. Je suis conne. Et sûrement maso par la même occasion.

Usé par la vie, par les hurlements. Usé par le silence.

Usé par l’oubli, on oublie pourtant qu’un jour on s’est aimé, qu’un jour on a vécu. Que la vie est passée. Que le passé n’est plus.

On redevient fou à chaque matin.