Journal d'une boulimique.

"Donne-moi ta main que je ne la prenne pas."

Soirée de merde avec Benja. J’en ai trop attendu. Encore. Deux personnes qui veulent dominer ensemble, ça donne une soirée explosive. Surtout quand on est tous les deux de mauvaises humeur.

Je suis réglée, ça n’est pas normal. Je l’ai déjà été il y a moins de deux semaines. Sûrement à cause de la pillule du lendemain que j’ai prise la semaine passée. J’espère.

Je veux qu’on m’aime. Je ne veux pas aimer. Je suis égoïste.

J’ai besoin de Matthieu. Et de Benja. Mon Benja. Mon meilleur ami. Pas du serveur. De ce Benja avec qui je partage tout. Qui me connaît depuis plus de 6 ans. Qui me connaît par coeur. Qui sait comment me réconforter. Qui m’aime comme je suis avec mes crises, mes conneries, mon humour débile. L’homme de ma vie. Mon grand frère. Mon amour. Mon tout.

Je suis en manque de lui. Il fait médecine. Il travaille comme un dingue. C’est le rêve de sa vie. C’est ce qu’il veut faire depuis toujours. Sauver des vies. Cancérologue, cardiologue ou chirurgien. Un truc important. Un truc qui donne un sens à sa vie, qui le fera se sentir utile.

Il m’a déjà sauvé. Plusieurs fois. Quand ça s’est fini avec Matthieu, il a loupé une soirée pour venir dormir avec moi. Il a passé la nuit à me tenir dans ses bras et à m’entendre pleurer. Quand j’avais mes crises de boulimie, il m’a fait un planning de repas. Quand j’ai avalé mes somnifères, il m’a dit qu’il ne pourrait pas vivre sans moi. Moi non plus je ne saurais plus vivre s’il n’était pas là.

Il est déjà arrivé qu’on ne se parle plus pendant quelques mois. Pas parce qu’on s’engueulait. Parce qu’on n’avait d’autres choses à faire. Mais les retrouvailles sont toujours les mêmes. Même si c’est dans une fête : on s’isole du monde, on crée notre monde à deux pour quelques minutes, parfois des heures. Et on parle. On se raconte tout. Des évènements importants aux choses sans aucune importance. Parce que c’est comme ça. Parce que c’est mon Benja.

Je lui avais dit, aux alentours de mes 15 ans je pense, que mon rêve était de recevoir une rose d’un garçon. Pour mes 16 ans, il n’avait pas de rose dans son jardin, mais il a pris une grosse pivoine rouge. Magnifique. Je l’ai encore. Je l’ai faite sêcher. Le premier gars à m’avoir offert des roses, c’est Matthieu. 5 exactement. Pour immortaliser, quelques jours à l’avance, les 5 mois de notre relation. Il m’a quitté 3 jours après. J’en ai encore 3. Les deux autres, elles n’ont pas bien sêché.

Benja et moi, deux pôles opposés. Il est l’optimiste par excellence. Toujours heureux, toujours de bonne humeur, qui voit toujours la vie du bon côté, le verre à moitié plein. Qui n’a jamais compris mes envies d’évasion, de destruction. Mais il a essayé et essaye encore. Et c’est pour ça que je l’aime. C’est une des rares personnes qui ne m’a jamais laché. Qui a toujours été là quand il le fallait.

Il me manque. Il me manque.

Apporte-moi mes cachets.

Serre bien ma camisole.

Accélère encore le son de ta voix.