Journal d'une boulimique.

on ne chasse pas les résonnances ni les souvenirs qui se réveillent quand la nuit tombe ou au petit matin

Coup de blues. Je pense à Matthieu qui est à Paris. Je pense à ce que nous avions été, tous les deux. Je pense au nouvel l’an de demain pour lequel je me réjouissais tant et que maintenant je crains, de peur de me taper un méga bad trip. Je me sens terriblement seule. Je me sens seule dans les fêtes. Je me sens seule avec mes copines. Je me sens seule dans les cafés. Je ne me sens pas seule que quand un mec me regarde. Mais cette sensation ne dure jamais longtemps. Je ne me sentais pas seule quand Matthieu était là pour me faire exister.

Mes potes viennent me faire à bouffer parce qu’elles savent que je n’aime pas cuisiner. Je déteste ça. Je n’aime pas tout ce qui a rapport avec la bouffe. Je ne peux pas leur expliquer ça. Parce que personne ne comprend. Parce que je n’aime pas en parler. Je me sens mal à l’aise à chaque fois. Je fais la forte. Il est clair que ça va mieux, que je ne me fais plus vomir ou plus qu’occasionelement. Mais je n’ai toujours pas un rapport normal avec la bouffe. J’angoisse toujours à l’idée d’aller manger chez quelqu’un. Je me demande toujours si je ne mange pas trop ou pas assez. Je ne sais pas dire si je mange équilibré. Qu’est-ce que bien manger ? Je n’en sais strictement rien. Pour moi, un régime, ça n’est plus que bouffer des légumes et je sais pourtant que ça n’est pas bon. Je ne sais pas faire la part des choses. J’aimerai tant y arriver au moins une fois dans ma vie. Ne pas culpabiliser au moins une fois dans ma vie de manger un truc trop gras ou trop sucré. J’aimerai prendre plaisir à manger sans me poser mille questions après.

Avec Jean-Do, je n’arrête pas de lui faire croire que je suis quelqu’un de fort. Je joue un rôle qui ne m’appartient pas. Je fais semblant de me foutre de tout, je lui montre que rien ne m’atteind. Pourtant, je ne suis qu’une petite chose fragile qui a n’importe quelle vague trop importante peu se noyer. Mais je suis devenue maître dans l’art des fausses apparences.

Un exemple : mes parents. Ils ne se doutent absolument pas que ma rupture avec Matthieu m’a presque entièrement détruite et à quel point je me sens perdue depuis que je ne suis plus avec lui. Je montre sans cesse que tout va bien. Je ne veux pas qu’on me plaigne ou que l’on s’inquiète pour moi. De toute façon, quoi qu’on me dise, je n’en tiens pas souvent compte. J’agis comme bon me semble et si je veux faire une connerie, bonne chance pour m’en dissuader.

Il me manque quelque chose, mais je ne sais pas quoi. J’ai l’impression d’être sans cesse à la recherche de quelque chose d’innaccessible. Je voudrais arriver à me poser, à me stopper dans mes recherches frénétiques.

Il faut que je boive et que je fume moins. Ca serait déjà une bonne chose.

Je voudrais que l’on m’aime, mais je ne suis pas prête à m’engager. Je voudrais une relation, mais sans tous les inconvénients. Je veux juste de l’attention. Que l’on prenne soin de moi, mais sans empiété sur mon espace vitale. Juste ce qu’il faut. Comme Matthieu faisait si bien. Il était là, mais pas encombrant.

Il était un peu comme l’homme parfait. C’est pitoyable de dire ça. Mais c’est pourtant vrai. J’idéalise peut-être notre relation. Mais il m’envoyait de ses nouvelles spontanément, se tracassait pour moi sans devenir pour autant envahissant. Me rassurait quand j’en avais besoin. Il était très familial. Avait un caractère de merde, mais savait s’escuser. Prenait ma défense quand il le fallait. Peut-être un petit peu trop jaloux inutilement.

Quand je repense à nous, j’ai l’impression que c’était hier. Que rien n’est finis. Je n’arrive pas à tourner la page. Je sais bien que le dernier truc qui peut m’achever est qu’il se mette avec une autre. Pourtant, ça va arriver. C’est normal. Mais je ne suis toujours pas capable de l’accepter.

Ca fait deux semaines que je ne fais plus que des cauchemards. Une nuit c’est ma maison qui explose avec toute ma famille à l’intérieure. Une autre c’est un gars qui s’amuse à me brûler le visage avec sa cigarette. Encore une autre, c’est Matthieu qui me regarde me noyer sans rien faire.

Il faut que je dorme une nuit complète. Il faut que j’arrête de faire des cauchemards stupides. Il faut que je vire toutes ces idées noires de ma tête.