Journal d'une boulimique.

"On échappe à rien, pas même à ses fuites."

Mardi soir. Fin des examens dans le carré. A 16h, j’étais déjà bourrée. Je m’amusais comme une folle : je revoyais plein de gens que je n’avais plus vu depuis des lustres, je dansais sur les tables, je rigolais et Jérémie allait venir. Je venais de voir un de ces potes qui me l’avait confirmé.
Il est donc venu. Je l’ai vu. Je ne me souviens pas de grand chose. Tout est un peu floue. Je sais juste que je lui ai dit à un moment que j’en avais marre qu’on joue aux cons et qu’il savait très bien que je m’étais attachée à lui. Moi et ma grande gueule. Je devrais vraiment apprendre à me taire.
Je ne sais plus trop comment, mais je me suis retrouvée dans les toilettes d’un café en train de pleurer devant lui. Au départ, je crois que j’avais été là pour ne pas pleurer devant lui, mais il m’a suivit. Je voulais qu’il parte ! Je n’avais pas envie qu’il me regarde pleurer. Il ne voulait pas, il n’arrêtait pas de me dire qu’il ne pouvait pas me laisser toute seule, mais tous mes copains étaient dans ce café ! Il pouvait quand même me laisser toute seule aux toilettes 5 secondes le temps que j’arrête de pleurer au lieu de me regarder sans savoir que faire ! Je crois que je lui crié de se barrer pendant au moins 15 minutes, mais il ne voulait rien entendre. J’ai fini par le gifler je pense, mais je n’en suis pas totalement sûre. Il était mal, j’avais envie de vomir. Je ne voulais pas qu’il souffre à cause de moi. Je ne voulais pas qu’il souffre parce qu’il me faisait souffrir. Ca n’est pas de sa faute après tout. J’ai joué avec le feux, j’aurais du prendre mes distances au lieu de chercher à le voir sans cesse. Franchement, c’était à se demander qui était le plus mal des deux.
Cette soirée à complètement dérapée. Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé après. On est redescendu je crois. J’ai parlé avec un de ses copains qui m’a dit qu’à son avis Jérémie ne savait plus où il en était. Moi, je pense qu’il sait très bien. Je pense qu’il sait très bien qu’il ne veut pas être avec moi. Je pense qu’il sait très bien que je ne lui plait pas. Je pense qu’il ne savait pas comment me le dire.
J’ai fini par reprendre le bus avec lui. Plus le temps passait, plus il devenait distant et froid. "Je pense qu’il faut que je m’éfface de ta vie un temps pour que tu puisses m’oublier." Une fille qu’il connaissait est rentrée dans le bus. A partir de là, il ne m’a plus adressé la parole jusqu’à ce qu’il sorte du bus et qu’il me dise aurevoir. Je lui ai sonné un peu après.
"En résumé, on est plus rien ?"
"...Oui."
"Tu feras comme si il ne s’était jamais rien passé et comme si je n’existais pas ?"
"Oui."

Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit si radical. Je pensais qu’il tenait un minimum à moi et qu’il aimait me parler. Je me suis trompée. Je me suis encore fait des films.
Ce soir, c’est la fête de May, elle repart demain en Uruguay après un an passé chez moi. Il parait que tous les chefs louveteaux doivent venir. Je me demande si il viendra. Si il vient, me parlera-t-il ? Cela m’étonnerait. Si il ne vient pas, je crois que je vais être mal. Enfin, dans les deux cas je serais mal. Depuis mardi j’ai des coups de cafards énormes. Ca passe et ça revient d’un coup. Il faut vraiment que je le sorte de ma tête. Ca ne sert à rien de me faire du mal pour… rien.
J’ai du mal à trouver le sommeil. J’ai du mal à écouter de la musique. Enfin, certaines chansons surtout. Save Tonight de Eagle Eye Cherry. "It ain’t easy to say goodbye. Darling please don’t start to cry." J’le revois me la jouer à la guitare à chaque fois que je l’entend. Ce moment était déjà complètement surréaliste sur le moment, mais maintenant j’ai l’impression que je l’ai imaginé.
Je sais que j’aurais du être plus sur mes gardes quand il m’avait dit de ne pas m’attacher. Je sais qu’il avait espèrer qu’on pourrait n’être que amis et que je le lui ai même fait croire. J’aurais voulu vraiment y croire moi-même. Je crois qu’avec le temps ça aurait pu être possible. Maintenant, tout est cassé. Il n’y a plus rien. Je lui ai parlé de chose que j’aimerais bien qu’il oublie. Je vais essayer de le rayer de ma vie comme il a fait si facilement avec moi.