Journal d'une boulimique.

Quand la matière grise fait défaut.

Je suis grosse, je suis grosse, je suis grosse.
Cette pensée m’obsède. Elle est suivie d’une autre, pensée perverse qui se glisse dans mon esprit comme un serpent qui crache son venin. Elle m’empêche de dormir, de me concentrer et me fait extrémement peur.

Et si j’étais enceinte ?

Horreur, horreur. Mon père me tuerait ou m’expédierait au couvant. Enfin, il faudra qu’il fasse ça avant que moi-même je ne me pende ou me jette d’un pont.
Voyons les choses objectivement : j’ai toujours mes règles, donc, en toute logique, je ne pourrais pas être enceinte, sauf quand l’on sait qu’il peut y avoir des exceptions.
Maintenant, si c’est le cas, de qui ? Soit de B. début juillet. (Enfin, les possibilités sont minces, car, premièrement, je prenais encore la pillule (pas à des heures très régulière, je l’avoue) et, deuxièmement, j’ai fait mes calculs, c’est à 99% impossible.) Soit, ce qui est le pire, de C.H.
Si je suis vraiment enceinte de lui, sans rire, je me tue vraiment. Ca va faire 4 mois que je ne lui ai plus adressé la parole, depuis qu’on a couché ensemble (argh… je n’aime pas ce verbe, mais avec lui ça n’était pas du tout de l’amour). On était chez un pote qui fêtait son anniversaire, on avait bien bu et on est sorti ensemble. Jusque là, rien de bien grave. Il m’annonce qu’il voudrait que ça continue, que ça fait un moment qu’il veut sortir avec moi. Ok. Je stoppe direct ses espoirs en lui disant que je n’étais pas du tout prête pour sortir avec quelqu’un à ce moment là et que ça ne marcherait pas entre nous. Pas grave, on va dans une tente tous les deux et on continue à sortir ensemble pour la soirée. Après, trou noir. Aucuns souvenirs. Je me souviens juste me réveiller le matin avec un amis couché à côté de moi (qui n’avait, en principe, rien à faire là) et C.H. parti sans que je m’en rende compte. Quand je suis sortie de la tente, tout le monde me lançait des regards amusés et un pote a laché : << Alors, c’était bien ? >>. Moi, évidemment, je n’ai rien compris. J’étais sûre à cent pour cent qu’il me chariait et qu’il ne s’était rien passé de plus que des bisous avec C.H. Le soir, on se parle par msn et là j’apprend que, en fait, on a couché ensemble et que, en sortant de la tente, il l’a dit à tout le monde. Ca fait super mal d’apprendre ça. Je ne dis pas qu’il m’a violé, pas du tout, je devais sûrement être consentante, mais il aurait pu au moins éviter de le crier sur tous les toits alors que, moi, complètement bourrée, je ne me souviens même pas d’un petit fragment de cette histoire dont je ne peux malheureusement pas nier qu’elle a bien existé.
Ce gars est le cousin d’une de mes meilleures amies. Malgré qu’elle connaisse l’histoire, elle ne comprend pas pourquoi je n’arrive plus à lui adresser la parole. C’est plus fort que moi, je ne saurais pas. Je suis complètement dégoutée de cette soirée et de lui. En plus, je ne prenais plus la pillule. Est-ce qu’on s’est protégé ? Il prétend que oui, mais est-ce vrai ? Plein de doutes me nouent les tripes.

Je voudrais éffacer cet épisode de ma mémoire. La plupart du temps, j’arrive à faire comme si il n’avait jamais existé, mais dès que le prénom de C.H. revient dans une discussion, j’ai envie de vomir et toutes mes angoisses à propos de cette histoire reprennent le dessus.

L'Homme (l’homme ET la femme) n’est, après tout, qu’un animal ne pensant qu’à se reproduire. Jérémie avait peut-être raison lorsqu’il me disait que nous ne sommes que des animaux. Je commence à y croire moi aussi. Après tout, pour Freud, l’esprit entier de l’homme repose sur les pulsions sexuelles. N’est-ce pas un peu… déprimant ?